Il est en passe de rater le cours de l'histoire qui s'écrit. Cet état de fait qui, hélas, n'est pas le premier et ne sera sûrement pas le dernier, est la résultante de l'entêtement de certains délégués à prôner le leadership aux dépens de la cause. La tenue de deux conclaves distincts en deux lieux différents à la même heure renseigne sur l'esprit qui anime le mouvement. A défaut de se mettre autour d'une même table, de se concerter autour du même ordre du jour, les animateurs mènent des campagnes les uns contre les autres. Si le conclave de M'chedallah a eu le mérite d'aborder longuement les mécanismes inhérents à la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur, celui de Taghzout s'est limité à un procès en règle contre le délégué Kacimi et son intervention dans notre quotidien. Pour l'histoire et un bref rappel de la genèse du mouvement montre que le courant entre les délégués n'a jamais été un point fort. Kacimi avait, à un moment, décrété l'autonomie du comité de M'chedallah à la suite des accusations infondées, le qualifiant d'agent du pouvoir. Après sa sortie de prison, le délégué de Haïzer allait subir le même sort pour manquement au code d'honneur. Yahiaoui Kaci de Bechloul fera l'objet d'une exclusion puis d'une réhabilitation...pour les plus initiés, ces scissions répétées sont le résultat de tractations derrière lesquelles se cachent les partis politiques. L'idée de leadership s'est confirmée récemment avec la mésentente autour du lieu de déroulement de l'interwilayas. Sachant que la présidence revient de facto à l'organisateur, présidence qui ouvre les portes à une participation certaine dans les délégations qui iront, peut-être, dialoguer avec le gouvernement, aucun clan n'a accepté de faire une concession et l'interwilayas ne s'est pas tenue. Le groupe de Taghzout, rallié par Bouira, Haïzer et Bechloul, s'en prend à l'homme fort de M'chedallah qui, dans son entretien avec notre quotidien, a brusqué beaucoup avec son franc-parler. En annonçant la perte de vitesse des partis politiques de la région, Kacimi s'est attiré les foudres d'un parti absent complètement, du moins officiellement, sur la scène, depuis le début du mouvement. Les autonomistes aussi ont rejoint le groupe des opposants au responsable de M'Chedallah. En guise de réponse, Kacimi rétorque en ne donnant aucune crédibilité à des délégués de comité où la participation aux élections refusées par le mouvement a atteint plus de 50%. Avec l'approche de la présidentielle, le mouvement à Bouira connaîtra sûrement d'autres dérives qui ne servent aucunement la cause citoyenne, surtout que les enjeux sont grands.