Et dire que l'ex-entraîneur national était tenu de qualifier l'EN aux demi-finales de la CAN. «Il ne faut pas s'attendre à grand-chose de notre équipe nationale lors de la phase finale de la CAN 2004». Ces mots sont de Rabah Saâdane, le directeur technique national et en même temps entraîneur national par intérim. Ils traduisent les sentiments d'une personne bien au fait des difficultés dans lesquelles est noyé le football algérien et qui craint que l'on se focalise trop sur une compétition africaine au point de croire notre équipe nationale capable d'en revenir avec un exploit. Il en est ainsi de cette EN depuis 1982 où elle avait réussi à se qualifier pour la phase finale de la Coupe du monde. Il ne se passe plus un rendez-vous africain sans que l'on n'espère la voir réaliser des prouesses. Le fait est que, si durant la décennie 80 elle se qualifiait aisément pour le second tour de chaque phase finale, la suite a été bien plus délicate. Effectivement, depuis son sacre africain de 1990, l'équipe d'Algérie n'a pu passer que deux fois ce fameux second tour, en 1996 en Afrique du Sud et en 2000 au Ghana. L'ultime rendez-vous, qui avait eu lieu au Mali en 2002, l'avait vu rendre les armes dès le premier tour avec un match nul et deux défaites. Ce scénario n'a été que l'aboutissement de longues années d'errance au cours desquelles le football algérien a passé son temps à s'autodétruire au moment où celui des autres nations d'Afrique progressait à grands pas. Pas de centres de formation des clubs voués à la surenchère autour de joueurs qui n'en valent pas la peine, des moyens de travail et de récupération dérisoires pour ne pas dire nuls, des méthodes d'entraînement éculées, bref, tous les ingrédients qui ont fait que notre football a stagné pendant que le football africain évoluait dans le bon sens du terme. Rabah Saâdane n'a pas attendu le tirage au sort de la phase finale de la CAN 2004 pour faire part de son pronostic pessimiste sur les chances de l'EN. Lors d'une précédente conférence de presse qui eu lieu il y a à peu près un mois, il avait clairement dit que l'on n'avait pas d'équipe nationale du tout, faisant valoir l'argument que l'on avait pris trop de retard dans sa reconstruction et qu'on aurait dû y procéder juste après la CAN 2002. En cela Saâdane avait tout faux puisqu'on rappellera qu'au lendemain de la dernière CAN, Madjer avait bien entrepris ce travail de refonte qui l'avait amené à mettre à la retraite internationale un nombre impressionnant de joueurs, parmi lesquels Tasfaout et Meftah, et à sélectionner une bonne dizaine de nouveaux. On rappellera, également, que c'est sous sa conduite que l'EN avait réussi à tenir en échec chez elle l'équipe de Belgique, réalisant au passage sa meilleure production de ces dernières années, le tout avec des éléments qui pour la plupart étrennaient leurs galons d'internationaux. Si retard il y a eu, il faut aller en chercher la cause du côté de la Fédération qui a limogé Madjer juste après ce match contre la Belgique pour des raisons pas du tout objectives, puis qui a attendu fort longtemps pour recruter Georges Leekens lequel Leekens aura constitué le plus gros bide de l'histoire de notre football. Nul n'oubliera, en effet, ce qu'aura coûté le Belge au Trésor public pour un résultat foireux. Leekens n'a exercé que six mois à la tête de l'EN après avoir passé la moitié de ce temps à l'étranger pour de prétendues campagnes de recrutement de joueurs émigrés et pour terminer le travail, dont le plus gros avait été effectué par Zouba, de la qualification à la phase finale de la CAN 2004. Le Belge aura quitté l'Algérie sans même avoir contribué à la formation de quelques entraîneurs tout cela après avoir encaissé le plus gros salaire mensuel jamais consenti en Algérie. Suite à un tel cheminement, Saâdane nous prévient que l'équipe nationale risque d'aller en Tunisie pour faire plus du tourisme que du football. Il faut convenir qu'il a raison d'affirmer que tout va de travers dans la discipline et qu'elle ne forme plus des joueurs de talent. A ce sujet il faudrait être présomptueux ou fou que de croire que cette équipe nationale peut remporter la Coupe d'Afrique des nations. Mais de là à dire qu'il n'y a pas grand-chose à attendre d'elle en Tunisie il y a comme un manquement au rôle d'un entraîneur car il affiche comme une sorte de mépris envers les joueurs sélectionnés qui pensent, eux, qu'il est possible de bien se comporter à Sousse. Ainsi donc, après l'objectif des demi-finales assigné dans le contrat de Rabah Madjer, puis une bonne prestation demandée à Georges Leekens, on est passé à une EN qui n'a rien à espérer de sa participation à la CAN 2004. Il est vrai que notre football fait état d'un énorme retard mais il faut voir si celui-ci n'est pas voulu. En 1996, l'équipe nationale avait subi une humiliation en se faisant éliminer dès le tour préliminaire de la coupe du monde de 1998 par de modestes Kenyans. La Fédération avait été dissoute, de nombreuses commissions de réflexion ont...réfléchi, de l'argent a été gaspillé, Leekens est venu ramasser un beau pactole pour un résultat presque nul et dans deux ans on continuera à dire que notre football est faible et que n'avons pas d'EN. L'autorité politique qui a cautionné les assises du football de 1995 pour lesquelles on avait beaucoup investi, puis tout le gâchis de l'après-1995 avec des AG de FAF à la pelle juste pour placer untel ou un autre en fonction de sordides intérêts clubards est en première ligne pour la critique. Il serait temps qu'elle déclare ouvertement ce qu'elle attend réellement de cette discipline et non pas se contenter de discours creux qui ne veulent plus rien dire et auxquels l'opinion sportive n'accorde plus aucune importance.