Il était l'un des plus grands clubs omnisports du pays. Une sympathique et émouvante cérémonie s'est déroulée samedi, en fin d'après-midi, à la bibliothèque (ex-cinéma Splendide) du quartier de Belfort, situé sur les hauteurs de la ville d'El Harrach. Le club de football local, le Chihab Riadhi d'El Harrach (CREH), fêtait son accession en division régionale 2. Mais, plus que de fête, il s'est agi d'une rencontre du souvenir pour ce club créé au lendemain de l'indépendance en prenant la suite du Red Star d'Alger. Pour ses quarante ans d'âge, ses dirigeants, à leur tête le président M.Mohamed Benidir, ont eu la très bonne idée de rassembler toute la famille du CREH. C'est ainsi que des gens, qui ne s'étaient pas vus depuis de très longues années, se sont retrouvés le temps de cette cérémonie. C'est vous dire l'intense émotion vécue à l'occasion de ces retrouvailles par ces anciens joueurs et anciens dirigeants à l'âge très avancé, qui ont, malgré tout, tenu à répondre présent comme pour témoigner leur fidélité à leur club de toujours. Les absents étaient, pour la plupart, ceux qui ne sont plus de ce monde mais dont le nom a été honoré par des attestations de reconnaissance et de remerciements pour services rendus à des membres de leurs familles. Parmi les disparus, on citera Boussaâd Sellal dit «Loulou», Abdelkader Kossaïri et Saïd Hadj M'hamed. Le premier a été de la première promotion post-indépendance des entraîneurs de football, la même que celle de Smaïn Khabatou. Il a été DTN, entraîneur national et a contribué à la formation de nombreux entraîneurs. Il a, également, été de ceux qui ont créé le CREH au début de 1963. Le second était une figure de proue de la boxe algérienne et a formé quelques-uns des plus grands boxeurs du pays. Quant au troisième c'est dans le judo qu'il s'était illustré, contribuant à lancer cette discipline dans la ville d'El Harrach dont l'école était l'une des meilleures du pays. Car pour ceux qui ne le savent pas, le CREH était, jusque vers la fin des années 70, l'un des plus grands clubs omnisports d'Algérie disposant d'un patrimoine à faire pâlir de jalousie les supposés grands clubs actuels. Outre son cercle, son restaurant et ses bureaux administratifs, le Chihab possédait une salle de boxe, une autre de judo et de karaté et une troisième d'haltérophilie. En outre, son équipe de football évoluait en division d'honneur soit deux paliers en dessous de la nationale 1. Avec l'avènement du code de l'EPS en 1977, le club avait été «nationalisé» et mis sous la coupe de l'APC dont il devint l'un des nombreux IRBEH. Autant dire que dans l'affaire le CREH avait tout perdu. Il avait, d'ailleurs, activé pendant une saison sous l'appellation IRBEH avant d'être dissous. Comme quoi si le code de l'EPS a contribué à promouvoir le sport d'élite, il a, par contre nui à de nombreux clubs formateurs en les délestant de leurs biens. Ce n'est qu'en 1989 que le CREH a repris du service, juste après la promulgation de la loi 89/03 sur le sport avec une seule discipline, le football. L'équipe a été versée dans la plus petite division du pays et c'est à force de persévérance et de travail qu'elle a pu gravir les échelons jusqu'à la régionale 2. Aujourd'hui le club se sent mieux puisqu'il a récupéré son cercle et son restaurant mais il continue à se battre pour reprendre ses salles de sport afin de lancer d'autres disciplines. La présence du président de l'APC d'El Harrach, M.Abdelkrim Abzar, à la cérémonie de samedi après-midi se voulait un témoignage du soutien des autorités locales au Chihab, le maire ayant annoncé le versement d'1 million de dinars en guise de première aide au club.