Le chef du gouvernement compte, à cette occasion, annoncer que «les délégués authentiques sont les seuls représentants de la Kabylie». C'est désormais quasi officiel. Des sources crédibles indiquent que le dialogue pouvoir-ârchs commencerait cette semaine. Il serait précédé, quelques jours auparavant, d'un appel solennel que lancera le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia. L'appel et la rencontre, croit-on savoir, sont attendus avant le 15 août. Les délégués-éclaireurs qui seront reçus par Ouyahia, selon nos sources, sont Hakim Kacimi, Toumi et Djaâfar Abdebbou pour Bouira; Belaïd Abrika, Saïd Chaker et Rachid Allouache pour Tizi Ouzou et Ali Gherbi, Farès Oudjdi et Bezza Benmansour pour Béjaïa. L'interwilayas, qui devait se prononcer sur la position du mouvement, est officiellement reportée à une date ultérieure. Cette interwilayas servira avant tout aux délégués reçus par Ouyahia de faire un compte rendu aux citoyens et aux restants de leurs pairs afin de décider en toute lucidité de la suite à donner à ce premier round du dialogue. Nos sources précisent à ce propos que «le responsable de l'Exécutif va profiter de cette rencontre avec les neufs délégués-éclaireurs pour lever toute équivoque en clarifiant la déclaration du chef de l'Etat dans son invitation dans laquelle il évoquait l'intégrité territoriale». Nos sources ajoutent que «l'annulation du décret 76 a été jugée positive, mais insuffisante afin d'aller vers la généralisation de l'enseignement de la langue amazighe». Mieux, on apprend que «le Conseil des ministres a raturé au dernier moment l'annonce de la création d'une chaîne de télévision en tamazight afin d'en réserver l'exclusivité à cette rencontre préliminaire». Un plan de développement économique spécial et ambitieux serait même accordé à cette région déshéritée et fortement éprouvée par ces années d'instabilité, sans toutefois aller jusqu'à ordonner l'amnistie fiscale que prône le RCD et qui ne profiterait qu'à certaines grosses légumes bien connues dans la région. Un coup de théâtre est intervenu quelques heures à peine après cette annonce. Les trois figures de proue du mouvement, en effet, ont gelé leur mandat de même que leur adhésion au mouvement des ârchs. Ces trois délégués, selon les informations qui nous sont parvenues, ont agi de la sorte «dans le but de dénoncer les blocages dont est victime le mouvement par rapport au dialogue sans la moindre raison logique et encore moins légitime». C'est donc dans le but d'isoler les éléments bloquants (appartenant tous à des partis politiques, plus précisément au RCD) et de forcer les autres délégués à s'impliquer davantage et à quitter leur position attentiste qui arrange surtout les intérêts des adversaires du dialogue que les trois figures de proue du mouvement citoyen ont décidé de claquer la porte. Il est un fait indéniable, précisent des délégués joints hier par téléphone, pour expliquer cet engouement soudain pour l'ouverture des négociations: «Nous sommes arrivés à la conclusion que le dialogue est devenu une option irréversible à condition qu'il se fasse uniquement autour de la concrétisation de la plate-forme d'El-Kseur.» Nos sources ajoutent que le dialogue doit être enclenché entre le 15 et le 20 de ce mois. Elles précisent que «les délégués partisans qui bloquent le processus ne sont pas forcément intéressés par la mise en place de la plate-forme d'El-Kseur». Autre révélation de taille, outre le RCD qui continue de miner le mouvement et d'empêcher que ce dernier aille vers une dynamique positive pour la région et pour la République, «deux autres partis, le FLN et le RND en l'occurrence, tentent de s'incruster alors que le FFS arrive difficilement à sortir de sa phase de léthargie». Un des délégués, dont le nom a été cité, Farès Oudjdi, joint hier par téléphone, nous a indiqué qu'«à aucun moment il n'a été contacté», ajoutant qu'«il est hors de question que les pouvoirs publics décident à la place du mouvement des noms des personnes qui prendront part au dialogue». Ces délégués, figures de proue du mouvement, feront sans doute partie de la délégation que choisira l'interwilayas, mais elles ne seront sans doute pas seules. Notre interlocuteur ajoute que «si l'appel est lancé de manière franche, destinée à lever les équivoques contenues dans celui du Président, rien n'empêchera que nous y répondions à condition que le dialogue soit sérieux et responsable». Tous les délégués se disent convaincus que si cela traîne jusqu'à la rentrée sociale «les choses deviendront de plus en plus difficiles, pour ne pas dire impossibles, puisque commenceront les débats autour de la précampagne électorale avec toutes les surenchères qui vont automatiquement avec». Des délégués et des ténors de la région entrent dans le bain en s'adressant à la presse pour expliciter leur position. Après Abrika hier, c'est au tour de Ali Gherbi, délégué d'El-Kseur, et d'Ould-Ali El-Hadi, président du MCB dit unifié, d'animer aujourd'hui des conférences de presse somme toute très attendues. Nous y reviendrons.