Le prix Nobel de Médecine a été décerné lundi à Stockholm à trois chercheurs pour leurs travaux sur le système immunitaire favorisant la vaccination et la lutte contre le cancer, maladie à laquelle l'un des lauréats a succombé trois jours avant l'annonce de la récompense. L'Américain Bruce Beutler, 55 ans, et le Français Jules Hoffmann, 70 ans, ainsi que le Canadien Ralph Steinman, 68 ans, ont « révolutionné » les connaissances sur le système immunitaire, a déclaré le secrétaire du comité Nobel de Médecine, Göran Hansson en annonçant les lauréats. Mais quelques heures après cette déclaration, l'Université Rockfeller de New York où M. Steinman enseignait l'immunologie a annoncé le décès du tout nouveau lauréat des suites d'un cancer du pancréas dont il souffrait depuis quatre ans. « Nous venons d'apprendre la nouvelle. Nous ne pouvons que regretter qu'il n'ai pas eu la joie" de recevoir le prix, a déclaré M. Hansson à l'agence suédoise TT, assurant que ce décès ne remettait pas en cause l'attribution du prix. Le système immunitaire permet à l'organisme de se défendre en libérant des anticorps et des cellules tueuses en réponse à des virus ou des germes. En première ligne, le système immunitaire inné « peut détruire des micro-organismes infectieux et provoquer une inflammation qui contribue à bloquer l'attaque » avant l'apparition d'anti-corps, explique le comité. Si cette première ligne de défense s'avère insuffisante, « le système immunitaire adaptatif entre en jeu ». Il permet la vaccination car des cellules gardent la mémoire de l'agresseur. Les travaux des lauréats « ont ouvert de nouvelles voies pour le développement de la prévention et pour des thérapies contre les infections, les cancers et les maladies inflammatoires », explique le jury. MM. Beutler et Hoffmann se partagent la moitié du prix pour leurs travaux sur le système immunitaire inné.Ils ont découvert « les protéines réceptrices qui reconnaissent les micro-organismes (nocifs) et activent le système immunitaire, première étape de la réponse immunitaire de l'organisme », explique le comité Nobel. La découverte de M. Hoffmann remonte à 1996 en étudiant la façon dont les drosophiles (ou mouches du vinaigre) combattaient les infections. M. Beutler a établi en 1998 le lien entre la façon dont se défendent les drosophiles et les mammifères, ouvrant la voie à la compréhension du système immunitaire humain. M. Steinman a découvert en 1973 « les cellules dendritiques du système immunitaire et leur capacité unique à activer et réguler l'immunité adaptative, dernière étape de la réponse immunitaire de l'organisme au cours de laquelle les micro-organismes sont évacués du corps », explique le comité. M. Beutler, né en 1957 à Chicago, a rejoint en 2000 l'Institut de recherche Scripps à La Jolla (Etats-Unis) où il enseigne le génétique et l'immunologie. M. Hoffmann, né à Echternach (Luxembourg) en 1941, a obtenu son doctorat de médecine à l'Université de Strasbourg (France) en 1969. Il est devenu français l'année suivante. Chercheur émérite au Centre national de recherche scientifique (CNRS), il a dirigé un laboratoire de recherche à Strasbourg de 1974 à 2009 et a présidé l'Académie nationale française des sciences. C'est la douzième fois que le Nobel de médecine récompense des travaux sur le système immunitaire.Les lauréats recevront leur prix lors d'une cérémonie officielle à Stockholm le 10 décembre, date anniversaire de la mort du fondateur du prix, l'industriel suédois Alfred Nobel. En ce qui concerne M. Steinman, le comité Nobel « étudie le règlement » pour trouver comment et à qui, en pratique, remettre le prix, a dit M. Hansson. Le prix est doté de 10 millions de couronnes (1,08 million d'euros), la moitié à se partager entre MM. Beutler et Hoffmann, l'autre moitié pour M. Steinman