Le calme et la sérénité marquent les préparatifs du huitième congrès ordinaire du FLN. Dans plusieurs régions du pays, en effet, l'on rapporte que la préparation de cette échéance organique “ordinaire”, qui s'ouvrira demain à l'hôtel El-Aurassi (Alger), est empreinte “de calme”. Rien n'indique, selon les échos recueillis dans plusieurs wilayas du pays, qu'on est à la veille d'un rendez-vous hautement important et habituellement propice aux grandes bagarres. En illustration, la wilaya de Constantine qui a eu à abriter un séminaire sur l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures à l'initiative de la coordination des associations de soutien au président de la république, fortement implantée du reste dans cette région, ne connaît aucune fronde autour des assises du FLN. Bien au contraire, les locataires de la mouhafadha de Constantine ne ratent aucune occasion pour afficher leur soutien et leur engagement aux côtés de l'actuel secrétaire général du FLN, Ali Benflis. Le mouhafedh de cette wilaya en personne, qui nous a confié que les préparatifs du congrès se sont déroulés dans “la transparence”, assure dans ce cadre qu'il y a eu un strict respect “des modalités arrêtées par la direction du parti”. Même état d'esprit dans d'autres wilayas, à l'image de Skikda. Aucune agitation, en effet, n'est à signaler dans cette wilaya tombée, par ailleurs, entre les mains des islamistes du MRN à la faveur des dernières élections locales. Des contestations ont, en revanche, été enregistrées dans certaines wilayas, à l'image de Annaba, Souk-Ahras et Béjaïa. A Annaba par exemple, les propos rassurants du mouhafedh de cette wilaya sur les conditions de préparation du congrès contredisent ceux des militants du parti dans les communes de Sidi-Amar et de Berrahal. Ces derniers, qui ont requis l'anonymat, affirment que “le filtrage des listes des congressistes a été fait à partir d'Alger par le chef de cabinet de Benflis, lui-même originaire de Annaba et que les noms des personnes retenus ne sont pas ceux des militants que la base a élus”. Même topo dans la wilaya de Souk-Ahras. Les militants du parti dans cette wilaya accusent nommément Belayat et Bougataya, tous deux membres du comité central du parti d'avoir écarté, de manière délibérée, des listes des congressistes “toutes les compétences qui étaient susceptibles d'y figurer et de les avoir remplacés par des gens plus dociles”. Béjaïa n'est pas en reste de cette ambiance de contestation. Les militants de base de cette wilaya contestent 16 des congressistes retenus par le parti. Du côté de la wilaya d'Oran, des contestataires de nombre de kasmas qui ont eu à dénoncer “la falsification des résultats des élections des congressistes” en désignant du doigt le mouhafedh sont revenus à de meilleurs sentiments après l'intervention du mouhafedh local et du P/APW qui ont réussi à faire taire la contestation. S'il est normal, par ailleurs, que des frondes éclatent à la veille d'un congrès éminemment important comme celui du FLN, des observateurs s'interrogent en revanche sur l'identité de ceux qui agitent les contestataires ? Des voix qui s'élèvent de l'intérieur même du parti affirment qu'il s'agit des membres du comité central sur lesquels compterait le président de la république pour imposer le soutien du FLN à sa candidature en 2004. Ces derniers, représentés essentiellement par Amar Tou, Abdellah El-Hadj, Bessaïeh, Hadjar, Mustapha Mazouzi et Amar Saïdani comptent peser de tout leur poids pour convaincre les congressistes d'abandonner la carte Benflis pour la présidentielle 2004 au profit de M. Bouteflika. Ces derniers qui ont été submergés par l'attitude des congressistes qui se recrutent parmi les soutiens dont jouit l'actuel secrétaire général du parti n'osent pas, dit-on, afficher publiquement leurs positions. Un de ces opposants nous a confié, hier, qu'“on fera tout pour ne pas laisser passer Benflis en 2004”. “N'est-ce pas Bouteflika qui a aidé Benflis, qui l'a désigné comme Chef du gouvernement et comme secrétaire général du FLN ? M. Benflis doit tout à Bouteflika et donc, il sera obligé de lui céder la place au moment opportun”, a-t-il enchaîné. Sans troupes, minoritaires et mis hors jeu grâce à la gestion “rigoriste” de Benflis, quelle sera la marge de manœuvre des hommes du Président ? R. N.