Le Premier ministre russe Vladimir Poutine est arrivé mardi pour une visite de deux jours en Chine, premier consommateur d'énergie au monde, précédé par l'annonce d'accords de plus de sept milliards de dollars entre les deux voisins. M. Poutine, pour sa première visite à l'étranger depuis l'annonce de son retour au Kremlin en 2012, mène une imposante délégation de 160 personnes, dont les patrons de grands groupes russes. Lors de son séjour en Chine, celui qui est plus que jamais l'homme fort de la Russie devait avoir des entretiens avec le président Hu Jintao mercredi ainsi qu'avec son homologue, le Premier ministre Wen Jiabao, dès mardi après-midi. Le ministère chinois des Affaires étrangères a indiqué que des responsables des deux pays avaient signé dès lundi 16 accords économiques et commerciaux représentant un montant total de plus de sept milliards de dollars «dans le secteur des transferts de technologies, de la recherche et du développement et du développement des ressources minières». Les deux puissances ont d'importantes relations économiques, notamment dans le domaine de l'énergie: la Russie est le premier producteur d'hydrocarbures du monde et la Chine le premier consommateur d'énergie. La Chine est devenue en 2010 le premier partenaire commercial de la Russie. Les discussions devraient permettre d'aborder en particulier l'épineuse question du prix du gaz russe vendu à la Chine, alors que le russe Gazprom et la China National Petroleum Company (CNPC) ont signé en 2009 un accord cadre pour acheminer près de 70 milliards de mètres cubes de gaz russe en Chine durant les 30 prochaines années. Aucun contrat ferme n'a encore été signé, les discussions entre les deux parties s'étant enlisées en raison d'un différend sur le prix du gaz. Une visite du président Hu en juin dernier à Moscou n'avait pas permis de faire avancer le dossier. Mais la Chine a indiqué que de «nouveaux progrès» avaient été accomplis dans les discussions sur cet accord. «La coopération sino-russe en matière d'énergie est une importante composante du partenariat stratégique bilatéral», a déclaré lundi lors d'un point de presse quotidien un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Liu Weimin. «De nouveaux progrès ont été accomplis», a-t-il indiqué, sans fournir de précisions. Président de 2000 à 2008 et à la tête du gouvernement depuis lors, Vladimir Poutine s'est rendu plusieurs fois en Chine. Son voyage était prévu de longue date, mais les analystes estiment que cette visite a une valeur symbolique pour l'orientation de sa politique dans les années à venir. «C'est un symbole fort que M. Poutine, qui est bien connu en Chine, s'y rende à ce moment précis», estime Sergueï Sanakoïev, chef du Centre sino-russe de commerce et de coopération économique, un organisme de lobbying basé à Moscou. La Russie prête de surcroît une attention renforcée au marché que représente son voisin chinois dans le contexte d'inquiétude sur la santé d'un autre grand client, l'Union européenne. La Chine et la Russie ambitionnent de doubler leurs échanges à 100 milliards de dollars d'ici 2015, pour atteindre 200 milliards en 2020. Moscou et Pékin, tous deux membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, ont en outre adopté des positions communes dans les grandes crises internationales, protestant contre l'intervention de l'Otan en Libye et opposant leur veto la semaine dernière à une résolution occidentale visant le régime syrien de Bachar al-Assad. La Russie s'est dite prête à proposer sur la Syrie au Conseil de sécurité, avec la Chine, un projet de résolution plus équilibré, qui devrait probablement être évoqué à Pékin par M. Poutine. Le retour de M. Poutine au Kremlin ne devrait que renforcer les relations entre Moscou et Pékin. Ce n'est pas un secret que les Chinois misaient sur son retour au Kremlin, estime M. Sanakaïev.