Les étudiants et travailleurs dénoncent leurs mauvaises conditions de vie C'est dans un climat de tension et sur fond de scandales de gestion et de passation de marchés publics douteux que l'Onou entame la rentrée universitaire 2011/ 2012. Les oeuvres universitaires, véritable boîte de Pandore, et tonneau des Danaïdes, engloutissent annuellement un budget avoisinant 7000 milliards de centimes, soutient une source à l'Office national des oeuvres universitaires (Onou). Pourtant, les étudiants et travailleurs, dans leur désarroi, dénoncent leurs mauvaises conditions de vie, vivant au rythme de manifestations, de grèves et de mouvements de protestation réguliers. L'énorme enveloppe budgétaire allouée au secteur des oeuvres universitaires ne profite guère aux masses estudiantines, à la lumière du dernier rapport présenté par le premier responsable de l'Onou. Elle constitue cependant «un gain» convoité par des groupes d'intérêts, bien introduits dans les rouages de cette institution. Cette enveloppe budgétaire profiterait, selon nombre de sources au fait de ces manipulations, aux corrompus et corruptibles, composés, selon elles, essentiellement de cadres gestionnaires et de fournisseurs. De tels constats ont été établis par un rapport de l'Office national des oeuvres universitaires, qui dévoile de graves dépassements enregistrés au niveau des directions des oeuvres universitaires, impliquant des directeurs et de nombreux cadres de résidences universitaires. Une source proche de l'Onou a soutenu qu'aujourd'hui, encore, c'est dans ce climat de tension, de désordre et sur fond de scandales de gestion et de passation de marchés publics douteux, que l'Office national des oeuvres universitaires entame la rentrée universitaire 2011/2012. Toutefois, on indique que des mouvements concernant le départ et la mutation de certains cadres des résidences universitaires et directions régionales auraient déjà été opérés et ordonnés par le directeur général de l'Office. Ces mouvements ont touché les directions régionales de Annaba, Béjaïa, Tizi Ouzou, Alger et Tiaret. Néanmoins, un ex-cadre de l'Onou a relevé que de tels mouvements ne seront qu'une simple parodie destinée à berner les responsables du pays quant à la situation réelle du secteur. Car, a-t-il soutenu, «on ne relève pas un défi tout en comptant sur une équipe qui perd». Par ailleurs, le directeur général de l'Onou a cité dans son dernier rapport (n°880), les problèmes liés à la gestion du secteur et les scandales qui l'ont éclaboussé ces dernières années, notamment la passation des marchés publics dans ce secteur, la surfacturation des marchés destinés aux sociétés de gardiennage, de sécurité et de nettoyage, l'absence de livres d'inventaires envoyés par l'office aux cités universitaires et directions régionales des oeuvres universitaires. En ce sens, il faut relever que le rapport du DG de l'Onou indique avoir remarqué une exagération dans les dépenses pour la nourriture et le transport, malgré les directives et instructions de la direction. Le même rapport révèle aussi des dépenses importantes au niveau des cités universitaires pour l'achat de livres et paiement des frais d'électricité, gaz et abonnement à Internet.. Il est surtout mentionné que les sociétés de gardiennage consomment une grande partie du budget des cités universitaires, en contrepartie, les prestations de ces dernières laissent à désirer. En outre, il est à signaler que l'attribution des marchés ne cesse de soulever des remous et luttes intenses entre les groupes d'intérêts. Rien qu'à Tizi Ouzou, selon la commission des marchés de la wilaya, 50% des marchés de produits alimentaires ont été réattribués à d'autres candidats, qui ont été écartés par les commissions de marchés internes des oeuvres universitaires. A Tizi Ouzou, l'un des plus importants pôles universitaires du pays, la situation est critique. Les rapports mettant en cause des cadres gestionnaires et dépôts de plaintes du tribunal de la ville contre les deux directeurs régionaux seraient légion. Ces plaintes opposent notamment des fournisseurs de produits alimentaires aux gestionnaires. Pis, il a été indiqué que les deux directeurs régionaux ont fait l'objet d'agression physique, durant l'année universitaire 2010/2011, par des individus inconnus. L'un a été attaqué à l'arme blanche par un inconnu à proximité de sa direction, tandis que l'autre a été contraint de fuir, abandonnant sa propre voiture à la merci de ses agresseurs, qui l'ont brûlée d'ailleurs. Cet incident a eu lieu devant le portail central du siège de la wilaya de Tizi Ouzou. A ce sujet, certaines sources, qui se sont exprimées sous le sceau de l'anonymat, n'hésitent pas à lier ces deux évènements à des groupes d'intérêts, qui polluent les directions régionales des oeuvres universitaires de Tizi Ouzou. Ces groupes d'intérêt sont mentionnés dans les rapports des comités estudiantins. Cette désorganisation a donné lieu à des manifestations publiques à la limite des émeutes de milliers d'étudiants sortis dans la rue pour crier leur désarroi face à la dégradation de leurs conditions de vie dans les campus nouveaux et anciens. La fermeture des administrations et la séquestration périodique des deux directeurs régionaux témoignent de la mauvaise santé des oeuvres universitaires.