Les mauvais résultats enregistrés par l'Université algérienne dans le classement mondial sont le véritable baromètre de la situation qu'elle traverse. Paradoxe des chiffres ou inconscience d'une réalité amère. Les déclarations des responsables et la stratégie adoptée au ministère de l'Enseignement supérieur révèlent de grandes incohérences. Mustapha Haouchine, directeur de l'Enseignement supérieur, a déclaré hier que l'Université algérienne a doublé sa formation des enseignants lors de ces dernières années. Chiffres à l'appui, l'Université algérienne passe de 22.000 à 42.000 enseignants. Or, le même ministère se prépare à lancer un avis d'appel d'offres international pour le recrutement des enseignants en anglais! Les différents recteurs des universités algériennes ont été destinataires, il y a quelques jours, d'un courrier de la part de la tutelle qui leur demande de formuler leurs besoins en matière d'enseignement de la langue de Shakespeare. Le ministère de l'Enseignement supérieur est ainsi à la recherche, d'un partenaire étranger pour parapher une convention de coopération qui portera sur le recrutement des enseignants étrangers pour nos étudiants d'une part, et l'encadrement de nos enseignants d'autre part. Les raisons d'une telle décision contredisent davantage les déclarations de M. Haouchine. La principale raison de ce recours à la piste étrangère est le manque d'enseignants dans les universités algériennes et le niveau faible de l'enseignement dispensé. L'école doctorale ne forme pas des enseignants en quantité suffisante pour répondre aux besoins des facultés de la langue anglaise. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. A l'université de Bouzaréah, Alger II, seulement 2 à 3 soutenances sont assurées chaque année, alors que dans le temps même l'université ouvre 20 à 30 postes de post-graduation. C'est ce que le responsable du ministère n'évoque pas dans son intervention. Il a préféré affirmer que la bouteille est à moitié pleine plutôt qu'à moitié vide. «Le corps professoral et le corps des maîtres de conférences se développe de façon significative. Nous envoyons chaque année à l'étranger 600 enseignants pour continuer leur formation. Un programme national permet aux enseignants de parfaire leurs travaux de recherche ou de terminer leur formation», a-t-il soutenu. Quant à l'échec des étudiants en langues, les chiffres sont alarmants. Au sein de cette même université, 80% des étudiants des 1re et 4e années de langue anglaise échouent aux examens de fin d'année. Autrement dit, 20% seulement des étudiants de ces paliers ont pu tirer leur épingle du jeu lors de l'année universitaire 2010/2011. Les résultats des étudiants des 2e et 3e années sont loin d'être honorables. Le taux de réussite n'a pas dépassé les 40%, pour la même période. Ces chiffres nous ont été communiqués par Abdelkader Henni, recteur de cette université. Pour pallier à cet échec, les observateurs estiment que les enseignants sont appelés à revoir leur méthode d'enseignement. Sur ce point, M. Haouchine évoque l'introduction de nouvelles pratiques pédagogiques qui «donnent à l'enseignant l'initiative de construire lui-même ses programmes». En tout état de cause, le constat sur notre université est-là. Elle ne cesse d'enregistrer en cascade de mauvais résultats au niveau du classement mondial.