invité de l'université d'été du mouvement Islah, il jouerait le rôle d'intermédiaire entre ces différentes parties. Le président du mouvement Islah, Saâd Abdallah Djaballah, était l'invité, lundi soir, de la radio Essalam, basée en Hollande et diffusant sur toute l'Europe et la Méditerranée. Il a, à cette occasion, admis, implicitement il est vrai, «l'existence de contacts avec le restant des représentants de la mouvance islamiste en vue de tenter de dégager un candidat consensuel». La médiation entre les différents partis, personnages et courants, aurait été faite par un Saoudien, le docteur Mohamed Ezzoubeïer Essaoudi. Il était l'invité de l'université d'été du mouvement Islah qui a pris fin ce vendredi à Skikda. Il aurait profité de sa présence en Algérie pour rencontrer l'ensemble des responsables et personnages concernés en vue de tenter de trouver une voie consensuelle. La nature de cette information a de quoi inquiéter et rendre perplexes les observateurs puisqu'il s'agit d'une affaire d'ingérence étrangère dans les affaires politiques nationales, que la Constitution et la loi organique relative aux partis politiques interdisent expressément. A en croire cette radio, même si Djaballah n'était pas tout à fait de cet avis, il n'en a pas moins admis les faits. La source, qui semblait en effet fort bien informée, indiquait que Ahmed Taleb Ibrahimi, est arrivé en tête de liste et était le plus apte à conduire cette candidature consensuelle. Une candidature qui, il faut le dire, cherche à profiter des conflits qui minent le clan nationaliste afin de permettre à un islamiste de prendre la tête de l'Etat algérien via les urnes. Djaballah, grisé par ses éclatantes avancées lors des deux dernières élections qui lui ont assuré une place de seconde force politique du pays, ne l'entend pas de cette oreille. Il souhaite, en effet, prendre la tête de cette coalition quitte, ce faisant, à entrer en conflit ouvert avec Ahmed Taleb Ibrahimi et même, croit-on savoir, à faire voler en éclats ce fragile consensus. Abdallah Djaballah, dans sa sortie médiatique d'avant-hier soir, n'a pas manqué de faire montre de ses ambitions présidentielles en saluant de nouveau les déclarations faites par le chef d'état-major, Mohamed Lamari, indiquant que l'armée ne s'opposerait pas à ce que le président du mouvement Islah puisse devenir président si le peuple votait pour lui et qu'il respecterait le caractère républicain et démocratique de l'Algérie. Il a, à cette occasion, fait montre de son «respect» pour le chef d'état-major, espérant au passage que «la hiérarchie militaire tiendra ses promesses lors de ces joutes électorales». Ainsi, le ton devrait-il monter entre Djaballah et Taleb puisque le président du mouvement Islah aurait lancé quelques piques acerbes à l'adresse de son adversaire direct, indiquant, croit-on savoir, qu'«un bon islamiste n'est pas censé écouter du jazz». La teneur de cette phrase, qui ne peut être du cru de Djaballah, cache quelque volonté de manipuler l'opinion et de faire échouer le plan visant à rassembler le camp islamiste en vue de dégager un candidat consensuel qui puisse rivaliser avec Abdelaziz Bouteflika et Ali Benflis. L'objet de cette lutte intestine, promettant d'aller crescendo à mesure que se rapprochera la date de la future présidentielle, ne peut que concerner les électeurs et sympathisants du numéro deux de l'ex-FIS, Ali Benhadj. Ce dernier, qui a déjà fait montre de ses propres ambitions électorales et qui a su contourner adroitement les interdits dont lui et Abassi Madani sont frappés aura certainement son mot à dire lorsque la campagne électorale battra son plein. Le conflit politique entre les deux hommes paraît d'autant plus plausible que le coeur de Ali Benhadj doit balancer sérieusement entre les deux. Le FIS, du temps où il était encore légal, en 1990 selon des témoignages, des tractations avaient eu lieu entre le pouvoir et les dirigeants du parti dissous afin que Ahmed Taleb Ibrahimi soit nommé Chef du gouvernement. A présent, Ali Benhadj n'hésite pas à afficher ses sympathies pour le président du MRN et ce dernier de le claironner haut et fort. Le numéro deux de l'ex-FIS a, en effet, envoyé une délégation composée de membres de sa famille et de dirigeants du parti dissous quelques jours avant sa libération chez Djaballah. Cela avant de se rendre lui-même au siège du mouvement Islah pour le remercier personnellement «pour tout ce que le président de ce mouvement a fait en faveur de la libération des détenus d'opinion, des droits de l'Homme et du règlement politique de la crise sécuritaire et politique algérienne». Le porte-parole de ce parti, joint par téléphone, a tenu à démentir certains propos calomniateurs attribués au président du MRN et à indiquer que le compte rendu de l'entretien accordé à cette chaîne de radio a été tronqué par ses concepteurs. Dans tous les cas de figure, les choses iront vers l'escalade des mots à mesure que se rapprochera la date de la future présidentielle puisque, il faut bien le dire, Djaballah et Taleb jouissent de chances réelles de devenir le futur président de la République algérienne.