Un regain de violences n'est pas à exclure entre proches de Benflis et dissidents du FLN. Après celles survenues à la salle Ibn Khaldoun, à Alger, puis, tout récemment, à Oran, il semble que la scène politique nationale va être émaillée de nouvelles violences, entre les partisans du nouveau patron du FLN, Ali Benflis, et leurs adversaires du «parti» de Bouteflika. C'est ce qui ressort des sévères mises en garde adressées, hier, par Ahmed Boumehdi, le coordinateur des mouhafadhas de la wilaya d'Alger, aux organisateurs de deux rencontres estudiantines, prévues le 14 août, et derrière lesquelles il soupçonne la présence de dissidents du FLN, proches du chef de l'Etat. «Si cette rencontre, (prévue aux Pins-Maritimes), à laquelle nous allons assister en force, traite de problèmes liés aux étudiants, nous n'interviendrons pas, mais si on découvre la présence de personnes comme Hadjar, Tou, Abed et compagnie, qui n'ont rien à y voir, on les expulsera de la salle.» Mieux au cas où les débats dévieraient sur le sujet du FLN, le conférencier prévient que ses partisans et lui mettraient un terme à cette rencontre quelles qu'en soient les conséquences. Pour appuyer les menaces de M. Boumehdi, un autre membre des mouhafadas intervient, à son tour, pour dire: «Devant la déliquescence des pouvoirs publics, nous sommes en légitime défense, et donc, en droit de nous défendre face à la complaisance et à la complicité d'un appareil d'Etat devant de telles manoeuvres». «En aucun cas, ajoute-t-il, nous ne permettrons, à qui que ce soit, de parler au nom du FLN. Interprétez ce message comme vous le voulez mais, nous sommes dans une situation qui nous pousse à utiliser l'autodéfense face à une agression dirigée contre notre parti.» M.Boumehdi provoquera, quant à lui, l'hilarité dans la salle lorsqu'il déclare que ses militants ne recherchent pas l'affrontement mais que de toute manière ce qui risque de se passer dans la salle des Pins-Maritimes aura des conséquences moindres que ce qui aurait pu se produire, si la marche prévue le même jour que celles que devait organiser le «parti de l'administration» avait eu lieu. A propos de cette dernière, justement, il tiendra à préciser qu'elle a été reportée, mais pas annulée. Le coordinateur des mouhafadhas d'Alger a, par ailleurs, confirmé que des policiers s'étaient, ces derniers jours, rendus auprès des kasmate pour demander, «au nom du ministère de l'Intérieur» à consulter les listes de leurs militants. Quant à la question de savoir jusqu'où va aller la violence, à l'approche des prochaines échéances électorales, M.Boumehdi se contente de répondre: «Posez la question à Zerhouni.» Les deux mouvements organisateurs de la rencontre de jeudi, en l'occurrence l'Organisation nationale estudiantine et le Rassemblement pour le renouveau du mouvement estudiantin, ont été qualifiés, durant la conférence, de tendances proches du ministre de l'Intérieur.