Laissé en rade depuis près de trois décennies, ce projet de rééquilibrage urbain resurgit après le séisme de Boumerdès. Il y a près de trente années, Boughezoul avait été retenue dans le schéma d'aménagement du territoire nord-centre avec Mahelma, Naciria, Bouinan et El-Affroun comme sites de première génération. Contrairement aux autres, ce projet restera à l'état de maquette. Jugez-en. Après approbation du périmètre, par arrêté interministériel du 9 novembre 1993, soit une superficie totale de 5149 ha dont 60% situés sur le territoire de Médéa, une phase prioritaire de 364 ha a été retenue. Le 18 février 1995, l'agence Aadl fut mandatée par la wilaya de Médéa pour lancer une opération de lotissement soutenue par une procédure d'identification et de délimitation domaniale à l'effet d'une acquisition onéreuse ou concessionnelle. Le programme général visait une emprise urbaine de 1700 ha devant accueillir 24.000 logements dont 6000 promotionnels et sociaux, administrations et finances, éducation, infrastructures sanitaires, culturelles et sportives. Quant à la première tranche, elle prévoyait un lotissement résidentiel de 35 ha, une zone industrielle de 93 ha, des équipements de base et une mise en valeur agricole de 170 ha. Dans cette perspective, 2500 logements furent confiés à l'Opgi (1 242 unités à charge de l'office de Médéa). Curieusement, le projet sera annulé en 1997 pour raisons financières, alors que celui de Aïn Touta, à Batna, bénéficiait à l'époque d'un battage médiatique aiguillonné par des considérations purement politiques. Il a donc fallu le séisme de Boumerdès pour que les responsables centraux se rappellent au bon souvenir de la «ville nouvelle» de Boughezoul, d'autant que le nord de l'Algérie est une zone qui présente une activité tectonique assez importante pouvant donner lieu à des séismes dévastateurs. Cela non sans rappeler que 65% de la population algérienne vivent au Nord sur une frange littorale de 4%. C'est dire que si le ministère de l'Aménagement du territoire n'intervient pas rapidement, la zone «reine» du littoral raflera la totalité des investissements, provoquant et exacerbant les déséquilibres régionaux et favorisant la montée toujours plus forte des migrations vers la capitale et sa périphérie.