La crise de la dette européenne fragilise l'euro, divise les Européens et met en péril l'avenir de la monnaie européenne Les dirigeants européens ont entamé hier un des sommets les plus difficiles de leur histoire pour tenter de sauver l'euro de la crise de la dette et faire pression à cette occasion sur Silvio Berlusconi pour qu'il garde le cap de la rigueur. Les décisions que l'Europe doit prendre d'ici à mercredi pour faire face à la crise sont «peut-être les plus importantes» qu'elle ait jamais dû prendre, a déclaré en préambule le président de l'Union européenne Herman Van Rompuy. Le sommet qui s'est ouvert vers 10H20 (08H20 GMT) doit faire taire les divergences au sein du couple franco-allemand qui se déchire sur les moyens d'enrayer la crise de la dette en renforçant le pare-feu financier de l'Union monétaire. Les dissensions sont telles qu'un second sommet a été programmé mercredi pour espérer annoncer des mesures décisives, en vue de la réunion des vingt principaux pays riches et émergents (G20) début novembre à Cannes (France). Le monde entier, Etats-Unis en tête, exige une réponse. D'entrée de jeu, la chancelière allemande Angela Merkel a douché hier matin les espoirs sur l'issue du sommet de dimanche, réaffirmant que les décisions ne pourraient être prises que la semaine prochaine. «Pour moi il est important de répéter qu'aujourd'hui nous préparons les décisions de mercredi» car les négociations portent sur «des sujets parfois techniquement très complexes», a-t-elle déclaré à son arrivée à Bruxelles. «Le fonctionnement est plus lent à Berlin que dans d'autres capitales», a déploré le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, alors que le Parlement allemand a un droit de regard préalable sur les décisions prises sur la zone euro. Mais il est difficile de ne rien annoncer dimanche compte tenu de la pression des marchés, a fait valoir le Premier ministre belge, Yves Leterme. Son homologue grec, Georges Papandréou, a aussi jugé qu'il était «temps» de prendre des «mesures décisives et efficaces». Même son de cloche pour les partenaires européens n'ayant pas adopté la monnaie unique, qui s'inquiètent des retombées de la crise de la dette. «La crise de la zone euro est en train de s'étendre à toutes nos économies, y compris celle de la Grande-Bretagne», a lancé son Premier ministre David Cameron. Englués dans une crise qui dure depuis deux ans, les Européens n'ont plus d'autre choix que de trouver une solution, alors que le secteur bancaire est sous pression et que la contagion gagne un nombre croissant de pays. «Il n'y a pas de retour en arrière possible sur l'euro», a averti le porte-parole du gouvernement français, Valérie Pécresse, également ministre du Budget, estimant que «l'Europe a rendez-vous avec son histoire». Le sommet a été difficile pour Silvio Berlusconi en particulier. Le chef du gouvernement italien a été reçu à ce sujet peu avant le sommet par le président de l'UE, puis par Mme Merkel et le président français Nicolas Sarkozy. Rome suscite l'irritation de ses partenaires qui redoutent une crise de grande ampleur dans la zone euro si ses comptes publics ne sont pas fermement tenus. A plus large échelle, la solution envisagée par les Européens se veut en trois temps. Il faut d'abord stabiliser la Grèce surendettée et lui éviter une faillite totale. Cela passera par des prêts internationaux supplémentaires et des pertes des banques créancières du pays. L'Europe les chiffre à au moins 50%. En contrepartie, une recapitalisation des banques est prévue: plus de 100 milliards d'euros. Il faudra aussi renforcer le Fonds de secours financier de la zone euro pour les pays en difficulté, le FESF, pare-feu contre la contagion à l'Italie et l'Espagne. C'est sur ce point que les divergences entre Français et Allemands sont les plus fortes. La France milite pour le transformer en banque afin qu'il s'approvisionne auprès du guichet de la BCE. Une option que refusent en bloc Berlin et l'institut monétaire, car elle va à l'encontre des traités européens.