Les tarifs de transport pratiqués «selon l'humeur des transporteurs» Les propriétaires des véhicules soucieux du gain, obligent les clients à patienter qu'il fasse le plein de voyageurs pour démarrer. «Rallier Alger à partir de Bouira reste plus facile que rejoindre le chef-lieu à partir de Haizer» Le commentaire est d'un fonctionnaire qui, quotidiennement, vient à Bouira pour son travail. Même si le parc roulant a considérablement évolué et le nombre de transports multiplié les déplacements intrawilayas continuent à s'apparenter à des expéditions pour les milliers de gens qui, pour une raison ou une autre se déplacent vers ou à partir de Bouira. Les raisons sont nombreuses. Elles sont d'ordre organisationnel surtout. L'absence de lieux conçus pour les arrêts puisque ceux qui font office de gare routière sont dans la majorité de simples espaces libres sans aucune infrastructure. De M'Chedallah à l'extrême-est à Lakhdaria à l'ouest, les voyageurs attendent parfois des heures durant en subissant les aléas de la nature. Quelques abribus ont toutefois été conçus. L'autre grande désillusion subie par les clients est relative au manque de contrôle, d'horaires qui organisent les départs. Les propriétaires des véhicules soucieux du gain, obligent les clients à patienter qu'il fasse le plein de voyageurs pour démarrer. Cette manière de faire pénalise le citoyen. Il n'est pas rare de trouver des dizaines de bus au départ d'Aïn Bessem alors qu'à l'autre bout du trajet, les gens se bousculent pour monter dans l'unique véhicule disponible. Cette fixation sur le gain rapide reste l'une des raisons des multiples débrayages qu'à connus le secteur cette année. Les citoyens, interrogés à ce propos, mettent en cause l'absence des services de l'Etat qui n'assurent pas la régulation et l'organisation sur place. A commencer par les tarifs de transport pratiqués «selon l'humeur des transporteurs». Le coût, selon certains, est fixé par les transporteurs après un accord entre eux. Ces tarifs sont revus à la hausse après chaque débrayage qui est devenu le moyen revendicatif le plus approprié. Du côté de l'administration, la version est réglementaire. «L'administration n'a aucun moyen juridique pour fixer les prix mais elle a le pouvoir de sanctionner les excès dès qu'il y a plainte.» Le voyageur occupé à rejoindre son travail, l'enfant craignant d'arriver en retard ne songent jamais à contester ou à se plaindre. Des écriteaux placardés à l'intérieur du bus, précisent le nombre de places assises et celui des personnes debout. Les transporteurs soucieux de gagner le maximum n'hésitent pas à bourrer le véhicule. Pour justifier cette façon de faire, ils mettent en avant les frais, le prêt bancaire, les risques... Les liaisons rurales elles se caractérisent par un manque flagrant de véhicules adaptés. «Je ne peux pas acheter un bus à coup de millions de centimes pour l'envoyer sur des pistes impraticables» nous dira le propriétaire d'un autocar. La situation profite aux clandestins et aux fraudeurs qui sont devenus légion. Un fourgon quelques sièges soudés, et le bonhomme devient transporteur. Ne se souciant ni de la sécurité des passagers encore moins de leur confort, les gens s'entassent et prient le Bon Dieu pour arriver sains et saufs. Ainsi au niveau de la région de M'Chedallah les prix se fixent anarchiquement en l'absence totale de contrôle des autorités. A Saharidj, commune située en pleine montagne, le prix du billet pour celui qui veut rejoindre le village de M'zarir, à 7 km au nord, est fixé à 30 DA. Idem pour le village d'Ath Hemmad et les autres localités enclavées. La daïra de Bechloul ne déroge pas à cette règle. Les lignes menant vers les communes d'Ahl El Ksar et Al Adjiba sont aussi sous l'emprise des fraudeurs. D'une manière discontinue, les transporteurs ont réclamé des augmentations de prix. Cette fièvre a touché le transport urbain qui n'échappe pas à l'anarchie qui y prévaut. Malgré l'ouverture de plusieurs lignes et la présence nombreuse de bus, la ligne qui relie le centre-ville à l'autre bout de la ville au niveau du chef-lieu est assurée par des petits véhicules asiatiques qui n'offrent ni le confort ni la sécurité nécessaires. La création d'une entreprise publique n'a pas amélioré la situation puisque ces bus bleus à la surprise des usagers affichent un tarif supérieur à celui des privés alors que l'autorité a donné à cette entreprise l'exclusivité de la liaison entre la nouvelle gare routière et l'ancienne située en ville. Le commentaire de notre interlocuteur se vérifie. En effet, grâce à la réalisation d'une gare routière aux normes, les voyageurs extra-wilaya se déplacent dans de très bonnes conditions. L'obligation faite aux bus de transiter par cette structure gérée par Sogral, permet aux clients de prendre le bus à n'importe quel moment de la journée et dans toutes les directions. Sour El Ghozlane aussi s'est dotée d'une belle structure qui, depuis son ouverture, a facilité les déplacements aux nombreux usagers. Même si les clients contestent les prix, ils se disent satisfaits des améliorations dans la prestation de service. La réalisation prochaine de gares routières à Lakhdaria, Aïn Bessem, M'Chedallah... est un espoir pour l'amélioration des conditions de réception des clients, mais elle ne réglera pas totalement les problèmes. Tant que les lieux de stationnement fonctionneront sans un commis de l'Etat désigné pour réguler le flux, tant que les prix resteront aux mains des prestataires, tant que des arrêts fixes ne sont pas déterminés... tant que le plan de circulation de la wilaya n'est pas exécuté, les voyageurs continueront à subir le diktat de tout le monde. A l'état actuel des choses, le client n'est pas le roi dans un service public où toutes les normes sont bafouées et où les transporteurs se croient tout permis.