Les luttes qui déchirent le FLN, ces derniers mois, constituent une étape importante d'une longue histoire riche en rebondissements. Né dans un contexte de violence révolutionnaire, l'ex-parti unique a grandi dans une atmosphère faite de clandestinité et de suspicion continuelle. Cependant, sitôt l'indépendance acquise, le FLN commençait à perdre ses couleurs. Sous Ben Bella, le Front, qui a été à l'avant-garde de la libération du pays, s'est peu à peu transformé en petite formation, obéissante aux injonctions des véritables décideurs du pays. Ces derniers, tous issus de l'ANP, ont transformé le FLN en appareil de propagande au service du régime. Il est certes des circonstances historiques, susceptibles d'être à la décharge de ceux qui ont opté pour ce choix, mais le fait est là. On reconnaît aux différents patrons du FLN une stature d'hommes politiques hors pair, doués d'une intelligence supérieure. En effet, chaque premier responsable du FLN prend ses racines dans le combat libérateur du pays. Que ce soit Khider, Cherif Belkacem, Kaïd Ahmed, Cherif Messaâdia ou Benhamouda, le FLN a gagné de les avoir dans ses rangs. Ces figures de la lutte pour l'indépendance du pays ont tenu la barre du FLN de l'indépendance à 2001. Une période où le parti tirait sa légitimité de la révolution de Novembre. Après le départ de Khider qui ne s'entendait pas avec le Président Ben Bella, Cherif Belkacem prend la relève pour une courte période et a dû rendre son tablier après «le redressement révolutionnaire» de Boumediene un certain 19 juin 1965. A la mort de Boumediene, Messaâdia prend officiellement les rênes du FLN. Durant toute la décennie 1980, Messaâdia était au charbon, mais a montré de grande capacité de gestion politique de sorte que «de son temps, le parti prenait des couleurs», affirment certains de ses anciens compagnons. Quand se produisit le séisme d'octobre 88, la cible était toute désignée et les hommes du système ont réussi à écarter Messaâdia, remplacé par Mehri, et à maintenir Chadli qui, une année plus tard, briguera un second mandat. Dans cette phase délicate de l'histoire du pays où l'équilibre venait de rompre, seul Messaâdia a payé très cher la facture. Sous Mehri, le FLN prend le chemin de l'opposition et divorce avec le système auquel il a de tout temps assuré l'équilibre. En engageant le FLN sur la voie de Sant'Egidio. Ainsi, l'ex-parti unique a glissé vers une position qui l'a éloigné de sa mission originelle. Le FLN est revenu sur la voie après le fameux «coup d'Etat scientifique». Cependant, le véritable retour du FLN sur la scène politique est le fait d'une courageuse politique de rajeunissement de sa direction à l'occasion de la nomination de Ali Benflis au poste de secrétaire général en septembre 2001. Aujourd'hui, après deux succès électoraux, le parti est au centre d'un enjeu politique majeur.