«Si en ma qualité de fonctionnaire de la wilaya, je n'ai pu prétendre à un logement pendant 26 ans, comment voulez-vous que je puisse l'obtenir après ma retraite? C'est scandaleux et aberrant». Devant les aléas de la vie et l'ingratitude d'une administration qui leur a usurpé leurs plus belles années, les masques de la retenue et de la pudeur tombent pour amener une trentaine de fonctionnaires (des deux sexes) à solliciter une audience auprès du 1er responsable de la wilaya de Skikda. En effet, ces fonctionnaires, pour la plupart chevronnés de l'administration mais parallèlement endurcis par toute une vie de célibat désiré ou forcé, n'en peuvent plus de subir les coups de boutoir de la vie familiale dans laquelle ils ne se reconnaissent plus pour cause d'exiguïté des lieux. Filles célibataires et femmes mariées (veuves) vivant sous le toit parental, ces dernières se tournent vers leur supérieur hiérarchique pour l'amener à se pencher sur leur situation désastreuse, résumée en peu de mots par cette expression d'une des signataires de la demande «si en ma qualité de fonctionnaire de la wilaya, je n'ai pu prétendre à un logement pendant 26 ans, comment voulez-vous que je puisse l'obtenir après ma retraite? C'est scandaleux et aberrant». Procédé peu original pour une situation où le tabou est omniprésent, les fonctionnaires, à forte proportion de filles célibataires, ne font pas dans la dentelle pour crier haut et fort leur ras-le-bol contre les responsables qui se sont succédé à la tête de cette wilaya et qui n'ont pas fait preuve d'attention à l'égard de cette catégorie de fonctionnaires. Véritable cri de détresse à l'intention des autorités locales, même si la distribution de logements ne relève désormais plus des prérogatives des walis, il n'en demeure pas moins qu'une solution doit être trouvée à la situation dramatique de ces fonctionnaires au bord de la déprime, et encore sous le coup d'une scène d'horreur (suicide) qui les a endeuillés par le passé.