Août 1998. Oussama Ben Laden lance, ce qu'il appelle «une opération de fracture», deux attaques simultanées contre les ambassades des Etats-Unis au Kenya et en Tanzanie. Certains s'en réjouissent, tels que le chef du djihad égyptien Ayman Zawahiri, ou le GIA. D'autres prennent de la distance, c'est le cas notamment de la Jamaâ islamya, préoccupée à lier son propre sort à celui du terrorisme transnational de Ben Laden. Le défi du nouveau calife de l'été d'il y a trois ans, serait de glorifier les groupes les plus durs, en leur offrant une raison de combattre de la frontière égyptienne à l'algérienne. Il garantit des financements et une aide providentielle. Les fractions terroristes ont subi, à partir des années 90, arrestations et contrôles dans toute l'Europe les mettant sur la défensive. Plusieurs chefs sont tombés, la répression était féroce. Mais très vite, Ben Laden se trouve une nouvelle idéologie qui lui est propre: «Front contre les juifs et les chrétiens». Avec de l'argent garanti par des banques et des privés des pays du Golfe, il couvre ces dépenses et, grâce à une aide basée en Europe, des cellules sont reconstruites et les contrôles de toutes les communautés islamiques en Europe sont assumés. En revanche un seul principe est adopté: l'argent n'arrive qu'à ceux qui acceptent la ligne radicale, et ceux qui, présidant la prière, prêchent le djihad. Un échange qui implique l'Italie, où les Egyptiens cèdent le terrain au Groupe islamique armé (GIA) et particulièrement le mouvement de Hassan Hattab, soutenu en France, en Grande-Bretagne et en Belgique. Ce sont eux, selon les enquêteurs, qui représentent la ceinture de transmission paramilitaire d'Al-Qaîda attirant sous leurs couleurs, les Marocains, les Tunisiens et les Libyens. La police européenne a finalement reconnu que certains dirigeants de ce mouvement sont d'anciens combattants du conflit afghan, d'autres se sont battus en Algérie, en Bosnie et en Tchétchénie, considérés au sein de la communauté islamique comme des modèles à suivre. Il semblerait que les Egyptiens, les hommes de Zawahiri, ainsi que les éléments d'avant-garde de cette conquête, collaborent à plein temps avec Al-Qaîda. Souvent, ils jouent le rôle de messagers, ils voyagent de l'Asie à l'Europe, de Milan à Londres et même jusqu'à Toronto (Canada). A ce titre Milan devient pour les réseaux terroristes, un passage obligé et incontournable d'où, la publication du Département du Trésor américain, d'un rapport dans lequel il révèle que l'Institut culturel islamique de Milan constituait la plus importante base européenne de financement et de recrutement pour l'Organisation terroriste mondiale de Ben Laden Al-Qaîda. Selon les mêmes sources, Milan couvre le réseau logistique du terrorisme oriental, des premiers attentats contre les Tours jumelles de 93, aux dernières découvertes du département de police, du FBI et des services de sécurité.