Face aux menaces ciblant la presse, le courant démocratique réagit. Les représentants du pôle démocratique et de la société civile, entendent réagir en se mobilisant pour manifester leur soutien au monde des médias à la suite de l'interdit frappant six quotidiens indépendants, dont le quotidien L'Expression. Ils ont, en effet, décidé de faire entendre leur voix en organisant, aujourd'hui, dans l'enceinte de la Maison de la presse Tahar-Djaout, une rencontre destinée à dénoncer les nouvelles menaces ciblant la presse, et les méthodes peu orthodoxes utilisées pour tenter de la museler. Plusieurs représentants de partis politiques ont fait part de leur décision de prendre part à ce rassemblement pour dire leur colère face à une mesure qui, outre son atteinte à la liberté d'écrire, lèse, dans le même temps, le droit imprescriptible des citoyens algériens à être informés. Dans l'appel commun appelant les forces vives de la nation à participer à ce rassemblement de protestation, les représentants du «pôle républicain» indiquent qu'à la suite de quatre années de règne du Président Bouteflika, «l'Algérie a été placée dans une situation dramatique.» «Aujourd'hui, ajoutent les auteurs de l'appel, c'est la liberté de la presse qui est menacée après qu'elle eut rapporté les scandales entourant le pillage des richesses appartenant aux citoyens algériens». Ils confirment, par ailleurs, leur refus de garder le silence durant les huit prochains mois restants du mandat du Président Bouteflika. Parmi les signataires on retrouve, entre autres noms, Abdelaziz Rahabi, Zhour Zerari, Mohand Isaâd, Ahmed Rachedi, Miloud Brahimi, Rabah Zirarri (le commandant Azzedine), Leïla Aslaoui, Salah Boubnider et Abdelhak Brerhi. A l'annonce des menaces de suspension émanant des services du Chef du gouvernement contre six quotidiens, les représentants de plusieurs partis, du syndicat et des ârchs étaient, immédiatement après, montés au créneau pour réagir contre une menace qui s'apparente, selon leurs propos, à du chantage voire, pour certains d'entre eux, à «des méthodes de voyous». Le leader charismatique du FFS, Hocine Aït Ahmed, a considéré que cette stratégie du pouvoir à vouloir soumettre la presse nationale, par le chantage et l'intimidation, «sonne le glas d'un régime en déclin qui tente d'étouffer, par la menace, la terreur et la répression, l'essor inéluctable des luttes politiques, syndicales et sociales pour la construction d'une alternative démocratique». Le groupe parlementaire du FLN à l'APN, tout en condamnant «avec la plus grande fermeté» cette initiative, a considéré qu'elle traduit «une volonté malsaine de mettre au pas le bastion inexpugnable qu'est devenue la presse algérienne». Le secrétaire général de l'Ugta, M.Sidi Saïd, a condamné «avec vigueur», une décision des pouvoirs publics qui constitue «une atteinte gravissime à la liberté de la presse et, plus largement, aux libertés d'opinion et d'expression consacrées par la Constitution». Le Mouvement des ârchs dénonce, lui aussi, «cette énième dérive du pouvoir dictatorial.» Il considère qu'en s'attaquant à l'un des rares acquis de l'Algérie post-indépendante qu'est la liberté d'expression, «Bouteflika et son ministre de la répression, le sieur Zerhouni, veulent se venger de la presse indépendante, qui a eu le mérite de mettre à nu des pratiques maffieuses dignes des républiques bananières». El Hachemi Chérif, secrétaire général du MDS, a estimé pour sa part, qu'il est temps d'arrêter ce dérapage avant qu'il ne soit trop tard. «Bouteflika est sur une monture emballée. Lui-même est emballé et, de ce fait, il est capable de commettre les plus graves crimes» (...). Il a rappelé que la responsabilité n'incombe pas, uniquement, à Bouteflika, «mais à tout le pouvoir politique et militaire qui dirige ce pays. Chacun doit assumer ses responsabilités aujourd'hui».