Le Premier ministre et chef de la diplomatie qatarie, Cheikh Hamad Bin Jassim Bin Jaber Al Thani, président samedi la réunion de la Ligue arabe Les monarchies du Golfe se réapproprient, à leur tour, la Ligue arabe et s'en servent, dans une stratégie dictée par Washington. La Ligue arabe vient de prendre deux décisions historiques lors des soulèvements des peuples arabes. Des décisions qui seront gravées dans la mémoire collective arabe. Le première a servi, plutôt, de feu vert à l'intervention de l'Organisation du traité de l'Atlantique du Nord en Libye, par son appel à la création d'une zone d'exclusion aérienne. S'ensuit sa décision prise avant-hier au Caire, à l'issue de la réunion extraordinaire sur la crise syrienne, de suspendre la participation de la Syrie de toutes les réunions panarabes et de ses instances tant que le plan de sortie de crise proposé par cette institution n'aura pas été mis en oeuvre. Elle a appelé les pays membres de cette organisation à retirer leurs représentants diplomatiques en Syrie. Cet acte suscite, à l'évidence, moult interrogations quant aux desseins inavoués de cette décision fort applaudie par l'Occident avec à leur tête, les Etats-Unis et par les monarchies du Golfe, qui se réapproprient la Ligue arabe, qui vient à peine de se détacher des jeux et des enjeux diplomatiques égyptiens. Cela suppose que la décision expéditive de la Ligue arabe à l'égard de la Syrie est soumises à des orientations arrêtées au préalable par ceux qui dirigent, le moins que l'on puisse dire, cette institution, en l'occurrence le Qatar, qui n'a pas manqué d'afficher son rôle de «bon exécutant des ordres de l'Otan», lors de son intervention militaire contre la Libye, mais aussi dans la crise syrienne, où son Premier ministre, également ministre des Affaires étrangères, s'est distingué par ses déclarations, qui sont à la limite des mises en garde contre le régime syrien. Une autre question qui met en cause l'immixtion du Qatar dans le bourbier des révoltes arabes est, sans nul doute, celle liée au silence de ce petit pays, aux ressources colossales, à l'égard de ce qui se passe à Bahreïn, et singulièrement au Yémen, où des centaines de manifestants ont été assassinés. A cela s'ajoute la participation effective du Qatar dans la répression sanglante qui s'est abattue sur le mouvement de protestation au Bahreïn. Donc, désormais, la Ligue arabe, ayant donné son quitus à l'Occident et à ses bras armés pour l invasion de l'Irak en 1991 et de la Libye courant du mois d'avril dernier, sert plus à dédouaner et légitimer les manoeuvres occidentales dans le Monde arabe que de tremplin pour le décollage économique et démocratique des pays arabes. A ce sujet, l'ancien général major, Medjahed Abdelaziz, qualifiant la Ligue arabe de d'héritage du colonialisme britannique, a soutenu que la Ligue arabe ne sert pas les intérêts fondamentaux des peuples, mais elle représente plutôt un instrument politique au service des maître de l'heure, en l'occurrence les Etats-Unis. A ce sujet, certains experts relèvent que l'isolement diplomatique que la Ligue arabe veut imposer à la Syrie et tendre la main aux membres de l'opposition s'inscrit plutôt dans le sillage d'une stratégie américano-israélienne et dont la mise en oeuvre est laissée aux bons soins des monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG), lesquelles comptent même séduire les pairs de Jordanie et du Maroc pour rejoindre le cartel monarchique. Pour Anis Nakache, (voir notre interview), «les monarchies du Golfe, qui répriment dans le sang les manifestants et jettent des milliers d'opposants politiques en prison, ne peuvent prétendre défendre les droits des peuples arabes». Cependant, ces monarchies sont pour lui rien que les mamelles nourricière de l'Occident en matière de ressources naturelles en contrepartie d'une protection avérée.