L'Algérie, au même titre que l'Egypte, a joué un rôle décisif dans l'amendement et la modération des sanctions prises contre la Syrie L'Algérie allait se retirer du comité des cinq si le premier rapport, incluant des sanctions plus sévères, avait été retenu. Pure invention et informations infondées. C'est en ces termes que le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a répondu aux informations rapportées par la presse nationale et selon lesquelles l'Algérie aurait été empêchée de s'exprimer sur la crise syrienne lors de la réunion de la Ligue arabe. M. Medelci s'est montré «très surpris» de lire de telles informations. Il n'hésite pas d'ailleurs à apporter «un démenti formel et catégorique». «Le ministre algérien, (M. Medelci lui-même, Ndlr), a bien pris la parole à la fin de la séance d'avant-hier. Le secrétaire général lui a répondu et ce n'était que plus tard que le président a levé la séance», a précisé le diplomate algérien, lors d'un point de presse co-animé avec son homologue égyptien M. Mohamed Kamel Amr, à la résidence El-Mithak. Et d'affirmer qu'il n'y a aucune relation entre la vérité et les articles de presse. Afin de corroborer ses dires, il sollicite le témoignage de son homologue égyptien. «Mon collègue égyptien est témoin sur mes propos.» L'occasion s'est offerte devant M. Medelci pour lever toute ambiguïté quant à la position de l'Algérie vis-à-vis de la crise syrienne. Il affirme que l'Algérie, au même titre que l'Egypte, a joué un rôle décisif dans l'amendement et la modération des sanctions prises contre la Syrie. Pour le ministre algérien, l'Algérie a tout fait au sein du comité des cinq pour revoir à la baisse la nature des sanctions. Il affirme que la feuille de route adoptée diffère totalement du rapport initial. M. Medelci révèle que dans les coulisses de ce même comité, le climat était électrique. Le débat était houleux. Conclusion: les sanctions ont été revues à la baisse et le rapport final a été modifié. «Nous avons réussi à soumettre au vote le rapport modifié et non pas le brouillon initialement présenté», a affirmé de son côté le président du comité, en l'occurrence le ministre qatari des Affaires étrangères, Hamad ben Jassem al-Thani. L'Algérie était déterminée à remporter la bataille des coulisses. M. Medelci précise que l'Algérie allait se retirer du comité des cinq si le premier rapport avait été retenu. L'Algérie a défendu notamment le principe de non-implication de parties étrangères dans le règlement de cette crise. «Nous avons oeuvré à ce que le rapport final expulse la présence des parties étrangères en Syrie», a souligné avec insistance le ministre. Quant à la position de l'Algérie au sein de la réunion, le ministre souligne que notre pays, membre du comité qui a élaboré cette feuille de route, ne pouvait ni s'abstenir ni voter contre. «L'Algérie a bien voté pour», a-t-il affirmé. Un lapsus ou un pavé dans la mare? M. Medelci n'écarte pas la possibilité que la Ligue arabe suspende ses sanctions contre la Syrie. Il souhaite que le régime en place réponde favorablement et positivement aux propositions et aux attentes de la Ligue arabe. Dans cette optique, la Ligue arabe pourrait changer de position avant la réunion du 16 novembre au Maroc dans le cas où le gouvernement syrien s'alignait sur les propositions de la Ligue arabe concernant le règlement de ce conflit. Sollicité de confirmer le maintien de l'ambassadeur d'Algérie en poste à Damas, le ministre persiste et signe que l'Algérie ne rappellera pas son représentant en Syrie. «Il n'est pas question pour l'Algérie de mettre en oeuvre la disposition de la Ligue arabe qui d'ailleurs, permet pour chaque pays de prendre sa décision de manière souveraine. L'Algérie a pris sa décision, elle ne rappellera pas son ambassadeur», a-t-il affirmé. Et d'insister que l'ambassadeur d'Algérie en Syrie et celui de la Syrie en Algérie vont continuer à travailler dans un esprit «le plus fraternel et le plus positif qui soit». En optant pour cette décision, l'Algérie entrevoit, selon la même source, une opportunité à saisir pour renforcer la relation avec le gouvernement syrien afin de matérialiser le plan adopté le 2 novembre dernier au niveau de la Ligue arabe. Quant au dossier relatif au règlement de la crise au Yémen, M. Medelci déclare que le sujet n'est pas à l'ordre du jour de la Ligue arabe. Dans un autre registre, le ministre égyptien des Affaires étrangères a estimé que sa visite «vise à ouvrir une nouvelle page dans les relations algéro-égyptiennes». L'hôte de l'Algérie a indiqué que sa visite en Algérie constituait une occasion pour discuter de l'avenir des relations bilatérales et les moyens permettant leur consolidation pour les années à venir. Il a mis l'accent sur l'importance de la coordination algéro-égyptienne dans la résolution des problèmes auxquels fait face le Monde arabe.