Face aux pratiques du système, les républicains menacent. La Maison de la presse, située non loin de l'ancienne place du 1er-Mai, a retrouvé, une nouvelle fois, hier, l'ambiance des grands jours de mobilisation à l'occasion du rassemblement de protestation, qui y avait été convoqué par les représentants du pôle républicain et de la société civile. Les organisateurs de la rencontre entendaient, à travers ce nouveau rendez-vous, dénoncer les dernières mesures de suspension, décidées sur ordre du Chef du gouvernement, M.Ouyahia, à l'encontre de six publications de la presse indépendante. En dépit d'une forte chaleur, on notait la participation d'une nombreuse assistance parmi lesquelles le journal L'Expression composée de dirigeants de partis politiques et d'associations diverses, et d'anciennes maquisardes de la glorieuse ALN. Ce regroupement a, dès le départ, été marqué par une marche symbolique organisée par les militants des différentes mouhafadas de la wilaya d'Alger, venus en force pour l'occasion. Ces derniers ont improvisé une marche tout autour du bâtiment central de la Maison de la presse en scandant «Presse libre et démocratique» avec, à la tête du cortège, une banderole dénonçant les tentatives de mise au pas de la presse. La plupart des orateurs qui se sont succédé pour s'adresser aux personnes présentes ont eu, malheureusement, quelques difficultés à se faire entendre par l'absence remarquée à diverses reprises, de micros et autres amplificateurs. Parmi les personnes présentes au semblant de meeting qui s'en est suivi, on pouvait apercevoir, ici et là, discutant à bâtons rompus ou accordant des interviews, des représentants du groupe parlementaire du FLN à l'APN, le secrétaire général du RCD, Saïd Sadi, le représentant du MDS, Hachemi Chérif et de nombreux représentants du Mouvement citoyen. Annoncé comme probable assistant à ce rassemblement, M.Ali Benflis, secrétaire général du FLN, ne s'est, en fait, pas déplacé. Le président directeur du quotidien El Khabar, Ali Djerri, dont le journal fait partie des victimes de la mesure de suspension prise par Ouyahia, prend la parole pour mettre au défi, ce dernier de prouver «que nous devons, ne serait-ce qu'un seul centime de dettes, aux imprimeries qui éditent notre journal». Il tient à ajouter que quelles ques soient les pressions qu'il subira, El Khabar continuera à dénoncer les scandales et les pratiques de malversation. Leïla Aslaoui utilisera des mots très forts pour dénoncer la politique de censure pratiquée par le Président Bouteflika qu'elle traite de «Marocain, utilisant les mêmes méthodes que celles pratiquées au Maroc, pour mettre au pas le monde de la presse dans notre pays». Parmi les intervenants, le représentant du Mouvement des ârchs sera particulièrement applaudi, lorsqu'il annoncera, qu'un 8e préalable va être ajouté à la plate-forme d'El-Kseur. «Celui-ci, dira-t-il, concernera le strict respect de la liberté de la presse.» Une maquisarde de l'ALN, ancienne condamnée à mort, essoufflée et en pleurs, viendra à la tribune improvisée pour demander pourquoi le FLN en est arrivé à se scinder en deux camps antagonistes. «Unissez-vous, dit-elle, Bouteflika ne cherche que ses intérêts propres. Pourquoi avons-nous consenti autant de sacrifices si nous sommes, en définitive, maltraités par nos propres frères.» Aux journalistes qui venaient pour connaître son opinion sur les dernières mesures prises à l'encontre du monde de la presse, le commandant Azzedine qui fait partie du mouvement des républicains menace: «Si la situation politique continue à se détériorer à un tel rythme, nous serons contraints d'appeler à la désobéissance civile pour protéger le pays».