Skikda est une commune MRN qui hérite d'une gestion chaotique RND. Elle figure aujourd'hui en tête du podium des wilayas les moins nanties en matière de gestion intelligente des affaires de la cité. 9h. Skikda se réveille lentement et la rue censée faire le plein de foule en ce jour de visite présidentielle, a du mal à se remplir. Nombreux sont les Skikdis qui ont quitté la ville pour la plage, tandis que d'autres coulent une grasse matinée après les fêtes nocturnes, fréquentes en ce mois d'août. Rue Tahar-Djouad, des enfants et des retraités forment de petits groupes et observent de loin l'animation qui commence à s'emparer de l'artère principale alors que les commerces adjacents poursuivent normalement leur activité. Sur le perron du théâtre municipal de l'ex-Philippeville, à la belle architecture signée par Titoli, des musiciens vêtus en marins auxquels s'adjoignent des louveteaux des SMA, saxophones entre les mains. Des majorettes rehaussent par leur danse le spectacle. Bin El Ouiden est distante de 40 km de Skikda. Bien qu'elle soit traversée par l'Oued El Kebir, elle endure une affreuse disette en eau, faute de barrage. A entendre leurs plaintes, l'on est tenté de croire que c'est presque par courtoisie de circonstance que les Skikdis sont venus accueillir leur Président; c'est qu'à Skikda, le désarroi et le mécontentement sont évidents. La population dénonce la marginalisation et la hogra dont elle est victime. Jeunes et adultes dénoncent la spoliation de richesse de la cité par une «mafia locale». Tous les dividendes des activités qui y sont déployées n'iraient pas et ne bénéficieraient pas aux Skidkis. Blasés par des années d'oubli et d'indifférence, ils disent: «Les richesse de la ville sont accaparées par des extra et Ouled Lebled sont en chômage.» Une assertion que confirme ce quinquagénaire aux tempes grisonnantes, qui, tout en épargnant le maire, pointe un doigt accusateur vers les plus hautes autorités de la wilaya: «La hogra et l'injustice règnent ici en maître. Que va nous apporter cette visite?» D'autres renchérissent: «Pourquoi le Président ira-t-il sur le site des 700 logements, déjà inauguré par le ministre de l'Habitat? Comme ce fut et c'est encore le cas pour la stèle d'El Moudjahid» qui ne finit pas d'être achevée! L'on accuse également et accable de reproches un lobby qui servirait à la plate-forme abritant l'unité des hydrocarbures et qui ne servirait que les intérêts d'une caste étrangère au tissu social skikdi au détriment des enfants de Skikda qui n'y sont employés qu'à hauteur de 5% et à titre contractuel. Infamant, soutiennent-ils alors que nous subissons les affres de la pollution des raffineries, dont l'asthme est le plus visible. Idem pour les secteurs de la pêche et du tourisme, restés en jachère, qui ne donnent par leur chance aux natifs de la région. Du coup, tonte une frange de la jeunesse sombre dans la délinquance. Au milieu d'une fanfare d'honneur, de majorettes et de ballons, Bouteflika est malgré tout acclamé par la population. Assailli par les flashs de photographes, le Président se dirige vers les personnes qui le sollicitent. Il accorde des poignées de main énergiques et salue la foule. Le cortège présidentiel est mené par le maire de la ville, le wali de Skikda, le Chef de la 5e Région militaire, le général Saïd Bey aux côtés duquel marche Maghlaoui, ex-ministre des P et T et actuel membre du bureau national du RND. 116 milliards de centimes seront également injectés dans le chantier d'un complexe historique «musée». Nombreux sont les quartiers qui connaîtront une rénovation grâce à cette manne financière, dont ceux d'Azzaba et Skikda. Un budget est, par ailleurs, consacré à la réalisation de 1000 logements sociaux, 1000 autres de type social-participatif ainsi que 2000 aides pour l'habitat rural dont profiteront 4000 familles.