La France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne comptent présenter une résolution à l'Assemblée générale de l'ONU condamnant la répression sanglante des manifestations en Syrie, assurant avoir le soutien clé des pays arabes, ont indiqué jeudi des diplomates. Les trois pays européens comptent présenter la résolution au Comité des droits de l'homme de l'Assemblée générale pour un vote qui devrait intervenir mardi, ont indiqué des responsables allemands. Le succès d'une telle démarche pourrait augmenter la pression sur le Conseil de sécurité de l'ONU à propos de la crise en Syrie. La Russie et la Chine avaient le mois dernier opposé leur veto à une résolution condamnant les exactions commises par les autorités du président Bachar al-Assad qui, selon l'ONU, ont fait au moins 3.500 morts. Les ambassadeurs britannique, français et allemand ont rencontré leurs homologues arabes à l'ONU mercredi après que la Ligue arabe eut donné trois jours au président Assad pour mettre fin à la violente répression dans son pays, a indiqué un porte-parole de la mission allemande. «Il y a eu un fort soutien pour aller de l'avant avec un projet de résolution: certaines délégations arabes ont même exprimé leur intention de co-sponsoriser la résolution», a ajouté le porte-parole. La Jordanie, le Maroc, le Qatar et l'Arabie saoudite sont d'accord pour co-sponsoriser la résolution et d'autres Etats arabes devraient se joindre à cette initiative, a indiqué l'ambassadeur britannique à l'ONU Mark Lyall Grant. «Le projet de résolution mis sur la table aujourd'hui est le résultat d'étroites consultations avec les membres de la Ligue arabe en réponse aux événements critiques sur le terrain en Syrie», a ajouté M. Lyall Grant. «Le monde arabe a envoyé un message très clair: les violations massives des droits de l'homme et les souffrances du peuple syrien doivent cesser», a de son côté indiqué l'ambassadeur allemand à l'ONU Peter Wittig. «Nous apprécions le fait qu'il y ait un fort soutien pour une résolution à l'Assemblée générale: nous espérons que cela montrera à Assad à quel point il est isolé», a ajouté M. Wittig. Mais l'ambassadeur allemand a souligné qu'il restait impératif que le Conseil de sécurité condamne également le régime de Bachar al-Assad. «Que l'on ne s'y trompe pas: il n'y a pas de substitut à une action du Conseil de sécurité. Nous avons toujours besoin de voir le Conseil remplir ses responsabilités et nous nous attendons à ce que ses membres ne rejettent pas les appels de la région», a-t-il dit. La Russie et la Chine ont opposé leur veto à une résolution du Conseil de sécurité sur la Syrie le 4 octobre. Le Brésil, l'Inde, l'Afrique du Sud et le Liban se sont abstenus. La Russie a de nouveau exprimé jeudi son opposition à une action de l'ONU. Le ministre des Affaires étrangères Sergei Lavrov a indiqué que l'Occident et la Ligue arabe ne devraient pas seulement s'en prendre à M. Assad mais aussi demander à l'opposition de faire preuve de retenue. Le gouvernement chinois de son côté a exprimé sa profonde inquiétude à propos des événements en Syrie. «C'est une opportunité rare pour l'Assemblée générale d'intervenir là où le Conseil de sécurité a lamentablement échoué, du fait du veto choquant chinois et russe et de la passivité de l'Inde, du Brésil et de l'Afrique du sud», a souligné Philipe Bolopion, directeur de Human Rights Watch pour l'ONU. «Nous espérons qu'un grand nombre de pays va maintenant suivre les pas de la Ligue arabe et dire de façon claire au président Assad que les tueries doivent cesser», a-t-il ajouté.