Pas moins de 44 mouhafadhas ont tenu ces derniers jours des réunions dont les PV sont transmis au chef de l'Etat et au ministère de l'Intérieur. Où va le FLN? Va-t-il rééditer le scénario du redressement de 2003? Fort probable, au regard des derniers rebondissements de cette crise qui ressemble de loin à celle de 2003 qui avait fini par la destitution de l'ex-secrétaire général, Ali Benflis. Les meneurs du Mouvement de redressement tirent leur épingle du jeu et se préparent à la grande offensive. Salah Goudjil, Mohamed Seghir Kara et Rachid Boukerzaza étaient, hier, confiants et sereins en annonçant que le congrès extraordinaire du FLN a toutes les chances de se tenir avant la fin de l'année. Lors d'une rencontre avec la presse tenue au siège du Mouvement à Draria (Alger), l'ex-ministre, Mohamed Seghir Kara a manqué à peine de jurer que les jours de l'actuel secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem, sont comptés. «Il (Belkhadem, Ndlr) quitte avant 2012», a-t-il dit, l'air rassuré avant d'avertir en recourant à la fatidique formule: «On arrive». Les redresseurs ont-ils le feu vert pour passer à l'étape supérieure de leur démarche? M.Kara n'a pas manqué d'exhiber les PV des réunions des 44 mouhafadhas ces derniers jours. L'orateur a fait savoir que ces PV, accompagnés des signatures des participants aux réunions (3300), sont transmis au Chef de l'Etat, au ministère de l'Intérieur et à d'autres instances. Toutes ces réunions ont été sanctionnées par deux recommandations majeures: déloger Belkhadem et tenir un congrès extraordinaire. Coïncidence ou résultat d'une préparation minutieuse? «Une initiative de la base», a commenté M.Kara, ajoutant que les meneurs du Mouvement étaient surpris par cette «révolte». L'ex-ministre a indiqué que le nombre de signatures dépassera des dizaines de milliers dans quelque 15 jours. Selon l'ex-porte-parole du gouvernement, Abderrachid Boukerzaza, ces réunions visent à faire participer la base à la prise de décision: de quelle manière organiser le congrès, à titre d'exemple. Trois options s'offrent alors aux redresseurs. Mohamed Seghir Kara les explique. Selon les statuts du parti, un congrès extraordinaire peut être convoqué par deux tiers des membres du comité central. «Ce qui est impossible car un tiers des membres a été désigné par Belkhadem», a-t-il dit. Option exclue. L'autre option est avancée. Selon le règlement intérieur du FLN, le président du parti a la prérogative de convoquer un tel rendez-vous organique. Là aussi, la tâche n'est pas une sinécure. Comment convaincre Bouteflika de convoquer un tel congrès? Le travail a commencé avec les dernières réunions des mouhafadhas. Faute de quoi, la troisième option s'impose. C'est la justice. «Puisque le congrès est lié à la loi, on va à la justice pour invalider le 9e congrès», a souligné le coordinateur du Mouvement, Salah Goudjil. Abstraction faite de toutes ces options, il y a la mobilisation de la base qui est un facteur important, précise M.Boukerzaza. M.Goudjil a affirmé que tous les moyens seront déployés afin de tenir le congrès avant janvier 2012 en vue de préparer les échéances électorales de la même année. Il semble que c'est là le dernier tournant avant le congrès extraordinaire du FLN. Belkhadem qui a caressé le rêve d'occuper le fauteuil présidentiel a commis une erreur d'appréciation de la menace qui pesait sur sa tête. Usant d'un mépris total à l'égard de ses détracteurs, minimisant à chaque fois l'ampleur de la crise et pis encore, la qualifiant à chaque nouveau virage de signes de bonne santé du parti, Belkhadem se retrouve aujourd'hui dans une posture pour le moins inconfortable: 44 mouhafadhas ont tenu des assemblées sanctionnées par la demande de le déloger et de tenir un congrès extraordinaire.