Dans une optique purement électoraliste, le Président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika ne cesse d'encencer le mouvement des ârchs. Après l'appel au dialogue, certes truffé d'ambiguïtés, lancé à Sétif le 20 juillet dernier, le chef de l'Etat remet cela à l'issue du Conseil des ministres, réuni dimanche dernier. Ainsi, le Président de la République, tout en saluant «la volonté du mouvement des ârchs de prendre part au dialogue qui est en cours de préparation et destiné à la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur», a décidé l'octroi d'une enveloppe de 20 milliards de dinars pour relancer l'activité économique fortement paralysée par les événements du Printemps noir. Dans ce sens, Bouteflika a instruit son chef du gouvernement, Ouyahia pour réunir «les conditions nécessaires à l'effet du succès de ce dialogue en vue du dénouement définitif de la crise, du renforcement de l'unité nationale et de la consolidation de la stabilité de l'Algérie». Réagissant à cette nouvelle donne dans la dichotomie ârchs-pouvoir, les délégués tout en relevant «une autre avancée positive dans le discours officiel», estiment que «la méfiance et la prudence doivent être toujours de mise». En effet, l'heure n'est pas à la jubilation du côté des ârchs et on se réserve de crier victoire. Contacté, Belaïd Abrika indique que «le mouvement attend toujours la prononciation du Chef du gouvernement sur les six préalables posés comme condition avant l'entame de tout contact». Cela dit, Abrika note «une réelle avancée, du moins sémantique», dans les propos du chef de l'Etat, qui a subitement «corrigé sa dérive de Sétif qui énonce que certains points de la plate-forme d'El-Kseur pouvaient porter atteinte à l'unité du peuple et à l'intégrité de l'Algérie éternelle». Plus corrosif, un autre délégué juge que «le mouvement attend du concret et ne se laissera pas berner par les discours électoralistes». Pour sa part, Nouredine Medrouk de la coordination de Beni Douala affirme que «le dialogue est tributaire de la réponse que réservera le pouvoir aux préalables posés par le mouvement». Le délégué de Beni Douala ajoute que «le mouvement ne pourrait se départir de sa méfiance à l'égard du pouvoir, car tout cela pourrait constituer une de ses manoeuvres pour la pérennité du système en place». Un avis partagé par le délégué d'Ath Djennad, Rachid Allouache, qui rappelle que le «mouvement et la population ne sont pas près de concéder la moindre concession au pouvoir et encore mois à hypothéquer les vingt-huit mois de combat». Ainsi, les ârchs rompus aux méthodes du pouvoir et aguerris par deux années et demie de combat affichent une attitude attentiste et prudente vis-à-vis des pouvoirs publics. Pour eux, la balle est actuellement dans le camp des autorités qui doivent se prononcer sur les six préalables dégagés lors du conclave de l'interwilayas de Raffour (Bouira), le 15 août dernier. Par ailleurs, il convient de signaler qu'une délégation de la Cadc se rendra aujourd'hui dans les Aurès pour animer une série de meetings et de conférences publiques.