Les dernières mesures prises par les pouvoirs publics à l'issue du Conseil des ministres, notamment celles liées directement au dialogue en vue du dénouement de la crise de Kabylie, n'ont pas laissé indifférents les citoyens et leurs délégués, qui restent globalement satisfaits des mesures annoncées avec, cependant un sentiment de scepticisme né de l'interdiction d'impression qui pèse encore sur quatre titres de la presse écrite. Si du côté des citoyens on s'est montré mal informés du fait de l'absence des journaux les plus importants à même de leur donner les éléments nécessaires pour comprendre ce dont il s'agit, il n'en est pas de même pour les délégués qui ont réagi avec satisfaction mêlée à de la prudence à cause, notamment de la persistance de la suspension de plusieurs titres de la presse écrite. Autant le simple citoyen était dans l'ignorance presque totale de la déclaration du Président de la République, autant les délégués se sont montrés en attente de l'engagement du pouvoir, par rapport aux incidences nées de la durée des événements et surtout pour le cas des titres suspendus. Conscients de l'importance de ces journaux dans une conjoncture pareille, les délégués n'ont, à aucun moment, omis de relever leur absence allant jusqu'à en faire un préalable sans lequel toute sortie de crise reste hypothéquée. Aussi pour Beza Benmansour, porte-parole de la présidence tournante de la Cic Béjaïa «l'intervention du Président de la République est positive dans la mesure où les insinuations faites lors de son dernier appel sont levées». Pour le délégué de Sidi Aïch, «désormais, le dialogue se fera pour la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur scellée et non négociable. Un dialogue qui consolidera l'unité nationale et la stabilité du pays et consacrera un Etat de droit». «Toutefois, ajoute-t-il, nous attendons que le Chef du gouvernement réunisse les conditions consistant à la prise en charge des incidences». Cela étant le mouvement réaffirme que «tant que les tentatives de mise à pas de la presse persistent, le début du dénouement reste hypothéqué.» De son côté, Farès Oudjedi abonde dans le même sens: «La société algérienne vient de gagner un autre pas vers la démocratie et la liberté». Quant à la demande faite par le chef de l'Etat au Chef du gouvernement pour l'organisation du dialogue pour la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur, le délégué d'Akfadou déclare que «l'interwilayas se prononcera positivement en la conditionnant aux solutions qu'apportera le Chef du gouvernement aux incidences induites par les événements du Printemps noir». Par conséquent, conclut-il, «les pouvoirs publics doivent assumer leur responsabilité quant à la réapparition des titres interdits d'impression», car «cette manière de gérer la presse peut compromettre l'évolution du dialogue», soutient-il avant de souhaiter la réapparition de ces titres sur les étals dans les plus brefs délais. Ali Gherbi du CSC d'El-Kseur a préféré s'enquérir de la situation des journaux suspendus en voulant savoir quand ils vont réapparaître et jusqu'à quand persistera ce «muselage». «Pour moi c'est l'essentiel!», déclare-t-il avant de poursuivre: «Je ressens le climat d'inquiétude dans lequel vivent les journalistes et les éditeurs». «Je vois mal comment parler de dialogue, lorsqu'on est muselé comme cette presse dont je me considère partie prenante», conclut-il sur un air de mécontentement. Voilà essentiellement comment se présente donc la situation au lendemain du Conseil des ministres.