«Le dialogue est d'abord une vertu pour peu qu'il y ait une volonté politique réelle d'aller vers le règlement de la crise de la part des pouvoirs publics.» L'annonce d'une diffusion prochaine d'un communiqué de la présidence de la République portant sur l'invitation du mouvement citoyen à la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur (voir L'Expression d'hier) n'a pas laissé indifférents les délégués du mouvement à Béjaïa. Intervenant dans une conjoncture de préparation de la célébration du deuxième anniversaire du Printemps noir, cette nouvelle n'a pas manqué de susciter un vif intérêt parmi les délégués de la Cicb, qui, tout en se montrant nettement favorables au règlement du conflit, rappellent quelques aspects jugés importants, qui doivent être pris en considération pour faire valoir la bonne volonté des pouvoirs publics. La visite de Benflis, qui aura probablement lieu dans les prochains jours en Kabylie, reste également un élément fort déterminant de la suite que réserveront les uns et les autres au dénouement de cette crise qui n'a que trop duré et ce, de l'avis général. Ali Gharbi, président du CSC d'El-Kseur, véritable locomotive de la contestation en Kabylie, a déclaré: «On souhaite le dénouement rapide de cette crise.» Commentant l'information parue dans notre journal, notre interlocuteur souhaite que «le communiqué comporte une reconnaissance officielle de la légitimité des revendications et l'engagement des autorités quant à son application sur le terrain». Il reviendra ensuite avec insistance sur certaines mesures que les pouvoirs publics doivent prendre pour «faire valoir leur bonne volonté», ironisait-il. Il citera à ce propos «la libération de tous les détenus, la levée des poursuites judiciaires et des jugements prononcés». Tout en se montrant très confiant, il ira jusqu'à se déclarer «prêt à prendre part à la rédaction du communiqué» pour peu que «la base citoyenne l'y autorise». Abordant la visite du Chef du gouvernement qu'on dit «imminente» dans la région, le président du CSC d'El-Kseur dira: «Il n'est plus question de laisser les choses aller au pourrissement», allusion à l'interdiction qui frappe les officiels en Kabylie, laquelle interdiction est, selon lui, en passe d'être levée. «Il existe une lourde tendance favorable à sa levée», déclare-t-il. On annonce une prochaine réunion à ce sujet. De son côté, Fares Oudjedi, autre membre influent de la Cicb, commentant l'information, dira: «Le dialogue est d'abord une vertu pour peu qu'il y ait une volonté politique réelle d'aller vers le règlement de la crise de la part des pouvoirs publics», avant d'ajouter: «La libération des détenus et l'arrêt du harcèlement judiciaire des délégués seront les prémices d'une preuve de cette bonne volonté.» Pour notre interlocuteur, «la population de notre région saura assumer ses responsabilités vis-à-vis de ses délégués légitimes en les cautionnant dans toute entreprise allant dans le sens du dialogue si un communiqué des plus hautes autorités du pays fait preuve de leur engagement public et officiel quant à la mise en oeuvre des revendications contenues dans la plate-forme d'El-Kseur». Tout en rappelant l'apport des délégués dans l'apaisement de la situation au lendemain des premiers troubles et la canalisation de la protesta en leur donnant un prolongement politique, le délégué de la Cicb dira: «Si nous avons choisi de rester au pays et nous battre pour nos libertés, ce n'est pas aujourd'hui que nous allons fuir nos responsabilités.» A quelque chose près, l'ensemble des réactions tend vers une position plus ou moins favorable. Le scepticisme d'autrefois semble, apparemment, être remplacé par un espoir qui en dit long sur l'état d'esprit des délégués. De l'avis général, aussi bien le communiqué de la présidence que la prochaine visite de Benflis en Kabylie sont autant d'éléments qui augurent d'une nouvelle situation prometteuse tant sur le plan économique que politique.