L'accès aux sources d'information est le talon d'Achille de la presse en Algérie. La nouvelle loi sur l'information présentée par le gouvernement ne satisfait ni les professionnels de la presse ni les députés. Ces derniers ont critiqué, hier à l'occasion de la deuxième journée de débats sur cette loi, certaines dispositions du texte. Le député du Parti des travailleurs (PT), Mourad Mansour, a insisté dans son intervention sur le droit des citoyens à l'information. Il a déploré que la liberté de la presse, acquise depuis les événements d'Octobre 1988, soit perdue après tant de sacrifices. Au passage, l'intervenant a rappelé que la corporation des journalistes a payé le prix fort lors de la tragédie nationale qui a vu des dizaines d'entre eux assassinés et d'autres poussés à l'exil. Pour lui, il est nécessaire de renforcer ce quatrième pouvoir qui est la presse, la considérant comme un moyen de dénoncer la corruption. Les députés du FLN et du RND ont, eux, salué le texte du gouvernement, estimant que c'est un saut qualitatif qui vient d'être fait dans le domaine de la liberté de la presse et du renforcement de la démocratie. Pour un député du RND, la loi sur l'information de 1990 ne peut plus véhiculer les changements qui sont intervenus tant sur le plan national, régional qu'international. Cette nouvelle loi est venue pour concrétiser plusieurs objectifs dont celui de la facilitation de l'accès à l'information aux journalistes et la consécration d'une presse honnête. Quant aux journalistes qui étaient présents à l'APN, ils n'ont pas lésiné sur les formules pour critiquer le projet du gouvernement. Ils estiment que cette loi est une régression par rapport à celle de 1990. Pour eux, l'article 80 qui traite de l'accès à l'information est restrictif. Il réduit l'accès à l'information et limite le champ des libertés et cela à travers des notions vagues telles que sûreté d'Etat, souveraineté nationale, secret d'instruction et secret économique. Nos interlocuteurs n'ont pas manqué de commenter l'amendement des députés relatif à la responsabilisation des éditeurs en cas de poursuites judiciaires contre les journalistes. «C'est bien qu'ils responsabilisent également les éditeurs, mais l'amende demeure très élevé et on considère que c'est un moyen d'exercer des pressions sur les journalistes pour s'autocensurer», a-t-on signalé. Plusieurs autres journalistes estiment que la nouvelle loi est rétrograde. Ils reprochent à ce projet de loi l'absence d'articles qui garantissent dans la pratique l'accès à l'information. Nos interlocuteurs soulèvent également la question de la primauté des médias nationaux sur les médias étrangers, déplorant au passage le fait que les Algériens découvrent parfois des informations stratégiques sur des médias étrangers avant de les lire dans la presse algérienne. Nacer Mehal, le ministre de la Communication, a défendu le projet en disant qu'il ne constitue pas une régression par rapport à la loi de 1990. il ajoute qu'il défendra les journalistes contre toute sorte de pressions. Il a déploré la médiocrité des programmes de télévision mais il souligne que certains journaux sont imprimés mais pas distribués par manque de lecteurs. Il annonce qu'une émission hebdomadaire ou mensuelle sera lancée pour rapporter les activités partisanes.