Trois des six quotidiens suspendus ont repris leur parution après avoir satisfait aux exigences des imprimeurs. Finalement, malgré tout le tintamarre fait autour du feuilleton majeur de cet été 2003, le confit journaux, dits privés et indépendants-imprimeries de l'Etat, les quotidiens frappés par la mesure d'interdiction d'impression restent optimistes. Cela d'autant que certains ont repris leur parution non sans avoir satisfait auparavant aux exigences de leurs créanciers: le paiement intégral et rubis sur l'ongle de toutes leurs dettes. Ainsi, après les quotidiens El Khabar et Liberté, c'est au tour du journal Le Matin de retrouver depuis hier les étals des kiosques et buralistes en dépit des déboires et du harcèlement administratif et judiciaire dont fait l'objet son directeur, Mohamed Benchicou. Restent maintenant les quotidiens L'Expression, Le Soir d'Algérie et Er-Raï qui se débattent comme ils peuvent pour réunir les sommes nécessaires à engager auprès des imprimeries étatiques pour pouvoir paraître de nouveau. Aux dires des responsables de ces publications, cela se fera au plus tard dans le courant de la semaine prochaine, même si pour l'heure, rien n'est encore acquis définitivement et les incertitudes qui pèsent sur ces trois journaux ne sont pas encore toutes levées. Cet optimisme prudent et mesuré est encore accentuées par la logique des nouvelles règles de comercialité que les pouvoirs publics ont décrété et qui s'appliquent désormais aux rapports d'affaires entre ces quotidiens et les imprimeurs. La grande question qui taraude les esprits autant des responsables de ces publications que des observateurs du secteur de la presse, est de savoir si les journaux pourront soutenir le nouveau rythme de paiement qu'on leur impose. Conjuguées aux intentions prêtées de certains membres de l'exécutif d'opérer dans un avenir proche, un assainissement dans la presse publique, sinon une nouvelle reconfiguration du paysage journalistique du pays, ces nouvelles règles commerciales font craindre aux quotidiens dits indépendants, de faire les frais de cette volonté politique, voire politicienne de remettre le statu quo ante. Cette mutation artificielle, voire préfabriquée, est-elle possible à court terme? Au vu des enjeux de la prochaine échéance électorale et des luttes de sérail qu'elle ne manquera pas d'engendrer, toutes les hypothèses sont à prendre en compte. Le tout est de savoir dès maintenant à qui va profiter cette marche forcée pour un changement en profondeur des mécanismes qui font fonctionner la presse dans son ensemble.