Avant le 17 août, nous faisions consciencieusement notre travail et nous continuerons à le faire. La reparution du quotidien Le Soir d'Algérie, hier, après El-Khabar et Le Matin, est un signe qui ne trompe pas sur les avancées certaines de l'acquis démocratique qu'est la liberté d'expression. En effet, la manoeuvre du pouvoir, qui consistait à réduire au silence les titres les plus lus du paysage médiatique national en invoquant l'argument commercial, a lamentablement échoué. Les raisons de cet échec tiennent dans le fait que, primo la presse privée démontre une bonne fois pour toutes sa bonne santé financière, et secondo, que l'on ne peut plus se permettre de suspendre impunément des journaux en Algérie. Il est donc établi que la liberté d'expression est sérieusement ancrée en Algérie. Il reste cependant, les manoeuvres des gouvernants qui, en retard d'une révolution, tentent de réduire les espaces de liberté, mais force est de constater que toutes leurs tentatives sont vaines. La dernière en date illustre parfaitement le grand décalage qui existe entre une situation de fait, imposée par les événements d'Octobre 88, et le pouvoir qui croit disposer de leviers à même de bâillonner une presse privée qui a largement fait ses preuves auprès du public. Dans ce bras de fer pouvoir-presse privée, la preuve est donc faite que l'on ne peut pas museler les journaux à coups d'arguments commerciaux. Cela dit, il faut convenir que même si la récente «attaque» du pouvoir, n'a pas atteint tous ses objectifs, il n'en demeure pas moins que quatre titres sont actuellement privés de parution. En effet, les quotidiens Er-Raï, Le Journal de l'Ouest, L'Expression et l'hebdomadaire Détective entament, aujourd'hui leur 16ème jour de suspension et, ce malgré les efforts consentis pour le règlement de la dette contractée auprès des imprimeries. Pour le cas de notre journal qui a moins de trois ans d'âge, l'essentiel de la facture a été honoré. Notre entreprise est considérée par tous nos partenaires comme solvable, pour peu que les règles de la commercialité soient effectivement prises en compte par le pouvoir. Lequel, en faisant montre d'un minimum d'honnêteté, ne peut qu'admettre que L'Expression a rempli sa part du contrat, de sorte qu'il puisse retrouver ses lecteurs la tête haute, sans devoir quoi que ce soit à quiconque. A ce propos justement, il est important de souligner que L'Expression poursuivra sa mission d'information comme il l'a toujours fait depuis près de trois ans. Que nos lecteurs sachent que le collectif rédactionnel tient par-dessus tout à garder son indépendance par rapport à tous les courants politiques. Les journalistes de L'Expression feront leur travail de couverture, de commentaires politiques et d'investigations, avec le souci de donner un produit le plus complet possible, mais surtout objectif. En d'autres termes, nous n'avons aucune leçon à tirer de cette suspension. Avant le 17 août, nous faisions consciencieusement notre travail et nous continuerons à le faire. C'est au pouvoir de revoir sa stratégie vis-à-vis de la presse nationale. Sa façon de faire nuit à son image de marque auprès de l'opinion et remet l'Algérie sur le devant de la scène internationale dans une posture peu enviable. Aussi, est-il impératif que les gouvernants sachent une bonne fois pour toutes que la presse libre en Algérie est une réalité palpable et qu'il faut faire avec, dans l'intérêt de la nation.