Après avoir été suspendu les 18 et 19 août 2003, à la suite d'une décision arbitraire, prise par le pouvoir, en avançant des prétextes commerciaux infondés, le quotidien El Khabar, qui a réussi à démontrer le caractère fallacieux de ces derniers, a reparu. Ces mêmes prétextes reviennent à chaque fois que le pouvoir éprouve le besoin de tromper l'opinion publique nationale et internationale, dans le but de suspendre ou d'interdire des titres qui n'adoptent pas ses propres thèses. De ce fait, El Khabar s'est acquitté d'avance de toutes ses redevances d'impression, lui qui n'est en principe pas concerné par la question des dettes, émergée le 13 août en cours. Date à laquelle un ultimatum a été adressé à six journaux de l'ensemble de 42 ayant rapport à ce problème. En dépit de la convention conclue entre les imprimeries et les journaux concernés qui stipule que le règlement de la facture d'impression se fait 60 jours après la fin du mois concerné, les sociétés d'impression ont exigé le règlement immédiat des factures de juin et de juillet, autrement dit, avant expiration de leur délai, à savoir le 1er septembre pour la facture de juin et le 1er octobre pour la facture de juillet. Pis, les imprimeries ont imposé un ultimatum qui devait prendre fin le 17 août 2003 à 16 heures. Devant cette violation de la loi et ce despotisme politique, El Khabar s'est retrouvé obligé de régler ses factures par anticipation, car convaincu que c'est le meilleur moyen pour faire face à cette décision politique, prise par les hautes sphères de l'Etat. Le but de ce quotidien était de mettre à nu le pouvoir devant l'opinion publique nationale et internationale, et c'est ce qui s'est produit. Pour rappel, le pouvoir a maintes fois usé de ces méthodes, à chaque fois qu'il se trouve incapable de répondre aux revendications des citoyens relatives aux vrais problèmes dont souffre le pays. D'où l'invention de problèmes avec la presse nationale, le miroir qui reflète les pratiques injustes et arbitraires du pouvoir contre ses propres citoyens. Cela montre que la volonté d'induire le citoyen en erreur est la seule et unique méthode du pouvoir, qui s'accroche au jeu politique et refuse les règles commerciales transparentes dans les relations entre les journaux et les imprimeries. Dans ce contexte, le pouvoir a, officiellement, révélé que les dettes des trois imprimeries dépassent les 325 milliards de centimes. Ceci concerne tous les titres de presse : quotidiens, hebdomadaires, périodiques, etc. Cependant, le montant qui a été derrière la suspension des six journaux et qui a été rendu public par le pouvoir lui-même, à travers les journaux gouvernementaux, ne dépasse pas les 72 milliards de centimes. Ce qui indique, par une simple opération de calcul, que le reste dépasse les 253 milliards de centimes. Représentant, sûrement, les dettes de la presse publique pro-pouvoir et d'autres titres qui vivent sous de perpétuels chantages politiques et autre harcèlement du pouvoir. Face à de telles conditions, nous devons expliquer les motifs des décisions arbitraires prises par le pouvoir et les équivoques qui visent à nuire à la crédibilité de la presse indépendante, tout en prenant à témoin l'opinion publique nationale et internationale, afin que le pouvoir cesse ses pratiques de chantage politique dans ce sens. El Khabar étant le journal algérien le plus diffusé dans le pays et étant conscient de la dangerosité de la violation de la loi par le pouvoir, à travers les imprimeries gouvernementales, a décidé de recourir à la justice pour défendre sa réputation qui a subi un préjudice, pour dévoiler les manœuvres politiques visant le musellement de la presse et portant atteinte à la liberté de la presse, et pour lever toute ambiguïté concernant les motifs commerciaux que le pouvoir a utilisés comme prétexte pour assener un coup au plus grand acquis démocratique en Algérie, pour lequel la presse a payé un lourd tribut. Ali Djerri, directeur de publication du quotidien El Khabar