Le soulagement dominait chez les représentants des quelque 190 pays rassemblés dans cette conférence qui a frôlé la catastrophe à l'issue de 14 journées et deux nuits blanches de négociation. «En l'honneur de Mandela: Cela a toujours l'air impossible, jusqu'à ce que ce soit fait. Et c'est fait!», a réagi, lyrique, sur twitter, Christiana Figueres, responsable de l'ONU pour le climat. Mais l'Union européenne, qui avait mis tout son poids dans la balance pour aboutir à un accord juridiquement contraignant, a dû se contenter, à l'issue de cette réunion largement éclipsée par la crise de l'euro, d'un texte laissant en suspens la question du caractère contraignant du futur pacte climatique. Cet accord, qui permet aussi d'écrire une suite au protocole de Kyoto après 2012 et d'éviter un échec deux ans après l'immense déconvenue de Copenhague, ne s'accompagne toutefois pas d'une hausse du niveau des promesses des pays pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Promesses qui sont actuellement largement insuffisante pour contenir le réchauffement sous le seuil de 2°C. L'ensemble de décisions adopté n'est certes «pas parfait, mais ne laissons pas la perfection être l'ennemi du bien», avait d'emblée prévenu Maite Nkoana-Mashabane, ministre sud-africaine des Affaires étrangères, qui présidait cette conférence. Face à la vive opposition de l'Inde, les Européens ont finalement accepté une formulation décrivant ce futur accord comme «un protocole, un autre instrument légal ou une solution concertée ayant une force légale». «La mauvaise nouvelle est que ceux qui font obstruction, emmenés par les Etats-Unis, ont réussi à insérer une clause qui pourrait facilement empêcher le prochain grand accord sur le climat d'être juridiquement contraignant», a déploré le Sud-africain Kumi Naidoo, directeur exécutif de Greenpeace International. Les décisions prises à l'aube dans cette ville située sur l'océan Indien sont bien en-deçà de ce qu'exige l'urgence climatique, a de son côté regretté Oxfam, qualifiant cet accord de «strict minimum possible» qui laisse «le monde se diriger comme un somnambule vers un réchauffement de 4°C». L'objectif est que cet accord entre en vigueur à partir de 2020. Avec cette «feuille de route» en poche, les Européens ont donné leur accord à la poursuite du protocole de Kyoto après 2012. Conclu en décembre 1997 et entré en vigueur en février 2005, le protocole impose aux pays industrialisés, à l'exception notable des Etats-Unis qui ne l'ont pas ratifié, de réduire leurs émissions de six substances responsables du réchauffement, au premier rang desquels le CO2. Cette prolongation était une revendication forte des pays en développement qui rappellent inlassablement que le Nord a une responsabilité «historique» dans l'accumulation de CO2 dans l'atmosphère. La mise en place du mécanisme de fonctionnement du Fonds vert, destiné à aider financièrement les pays en développement à faire face au changement climatique, a également été adoptée à Durban. Cependant, la question centrale de l'alimentation de ce fonds reste à ce jour largement sans réponse, alors que l'engagement pris à Copenhague, il y a deux ans, est d'aboutir à 100 milliards de dollars par an à compter de 2020. «Nous sommes entrés dans une période d'incertitude économique, une ère d'austérité fiscale. Mais je ne pourrais jamais trop souligner à quel point il est crucial que les pays développés tiennent leurs engagements», a expliqué cette semaine à Durban le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.