Ces martyrs sont tous passés entre les mains du sanguinaire gendarme Casano et ses acolytes après qu'ils eurent subi toute forme de tortures. Plus d'un demi siècle après le recouvrement de la Souveraineté nationale, 274 martyrs, dont 33 chahids anonymes, ouvrent désormais droit à des visites, des gerbes de fleurs et lecture des versets coraniques. Leur plaque commémorative a été inaugurée hier en présence des autorités civiles et militaires locales, de la famille révolutionnaire et des membres de la société civile d'Oran. Ces martyrs ont tous été passés par les mains du sanguinaire gendarme Casano et ses acolytes, et ce après qu'ils eurent subi toutes sortes de tortures dans les fermes coloniales avant d'être jetés vivants dans un puits d'une centaine de mètres de profondeur. Le puits a été creusé à cet effet dans la forêt de Msila située dans l'extrême ouest de la wilaya d'Oran. Le Moudjahid Meflahi Mohamed garde intactes les séquelles d'une guerre farouchement menée contre l'armée coloniale, comme il garde éternellement le souvenir d'une armée qui a mené une guerre atroce contre les populations sans défense, les civils. «L'armée coloniale a établi, non loin de la forêt, deux bagnes d'où il était difficile de s'échapper, An Tassa et Choli», a témoigné Mohamed Meflahi, ajoutant que «les Moudjahiddine étaient torturés jusqu'à ce que mort s'en suive». La France coloniale est encore une fois rattrapée par son passé dont le système a été, tout en refusant toute repentance, réprouvé par Sarkozy. «Les charniers, il n'y a que cela un peu partout dans les localités de la wilaya d'Oran», a indiqué un autre Moudjahid qui, tout en voyageant loin dans l'histoire, s'est remémoré le premier martyr de la guillotine, Ahmed Zabana. Le 11 décembre constitue un événement majeur dans la lutte contre l'occupation française. A cette date des milliers d'hommes, de femmes, de jeunes et des moins jeunes sont sortis dans les rues des villes algériennes pour réaffirmer leur attachement à un seul principe, l'indépendance totale de l'Algérie. Comme à son habitude, la France coloniale, via son armée et ses policiers est elle aussi sortie dans la rue. Sauf que la sortie de ses hommes avait pour but de réprimer dans le sang les manifestations. La ville d'Oran n'a pas été en reste puisque ses habitants ont vécu des moments cauchemardesques des suites de l'attaque à la bombe perpétrée contre les populations habitant la grande prairie populaire de la Tahtaha située dans le coeur de Mdina Djedida, fief des révolutionnaires. Cette attaque a fait des dizaines de victimes, dont des enfants en bas âge, et plusieurs autres dizaines de blessés parmi les populations civiles. En dépit du blocus imposé par la police coloniale, plusieurs centaines de personnes ont pris pour destination le Centre-ville pour manifester leur soif de la liberté. Hadja Kheira Benani, fille de Chahid, âgée alors de 11 ans, n'a pas hésité elle aussi à se faufiler parmi les manifestants et suivre de près la pire répression orchestrée par les policiers et militaires planqués un peu partout dans les coins de la ville.