Certains parient sur la montée de l'islamisme en Algérie malgré leur répulsion pour certains partis. «Ne perdez pas votre temps, le peuple connaît bien ses intérêts», dixit Belkhadem en allusion aux islamistes qui comptent se liguer en alliance pour rafler la mise lors des législatives prochaines. L'assurance de Belkhadem, qui conteste le fait que les réformes dites politiques sont dictées par les pressions du Printemps arabe, ne semble pas prendre en compte les performances de cette mouvance liées directement à ces événements. Interrogé sur le risque d'un raz-de-marée islamiste lors des prochaines joutes électorales, Chihab Seddik, membre du bureau national du RND réfute cette hypothèse en discernant le morcellement et l'éparpillement des islamistes. Il faut relever que la même estimation était donnée à la veille des élections en Tunisie puis au Maroc. La montée fulgurante des partis islamistes au adeptes en Afrique du Nord n'a rien d'étonnant. Les porteurs de l'islamisme politique viennent de donner un aperçu de leur puissance à imposer leur ordre. En Tunisie et en Egypte, comme en Libye, les partis islamistes qui ne sont pas majoritaires ne désespèrent pas d'y arriver en s'appuyant et en pratiquant comme toujours l'art du compromis. N'a-t-on pas pronostiqué que les islamistes ne seraient jamais majoritaires en Tunisie? Certes, il n'a pas pu obtenir la majorité absolue, mais Ennahda est arrivé en tête malgré les particularités politiques et l'ancrage relatif de la tolérance en Tunisie. Au Maroc, comme en Egypte, l'islamisme, une valeur refuge pour un peuple longtemps réprimé, l'a emporté haut la main. Qu'en sera-t-il en Algérie? La démocratie étant la loi du plus grand nombre, c'est un résultat auquel il faut s'attendre si la transparence et la neutralité sont garanties durant les prochaines consultations, commentent certains politiques. Si c'est le cas, on pourrait dire que le choc de la révolution arabe aura réussi à nous renvoyer à la case départ. En tout état de cause, l'inquiétude est bien réelle d'autant plus que c'est la suite à cette victoire qui soulève des appréhensions et des questionnements. La victoire, plus nette que retentissante des islamistes du parti Ennahda en Tunisie, constitue le signal fort à leurs homologues algériens. Certains analystes considèrent que l'islam politique est un passage nécessaire dans les pays arabes car les partis islamistes sont plus organisés et structurés que les autres partis. Tous les régimes d'Afrique du Nord ont instrumentalisé à outrance l'Islam, l'ont utilisé comme élément de pouvoir en combattant tout projet démocratique et autonome. Avec une société hyperislamisée se conjuguant avec une prédominance de religiosité, on ne pourrait s'attendre à tout autre résultat qu'un islamisme triomphal dans toute la région. Ce résultat explique l'échec cuisant des pouvoirs postindépendance dans ces pays. Les formations islamistes sont nées et ont prospéré sur un terrain social et politique ambiant cultivé et entretenu par les pouvoirs en place depuis un demi-siècle. L'Algérie ne serait pas épargnée par cette vague presque fatale car tous les ingrédients et de nombreuses pratiques sont réunies telles la polémique autour de la liberté du culte, la campagne contre les débits de boissons... pour favoriser les islamistes, selon plusieurs observateurs. Et cela sous l'influence et le lobbying religieux des monarchies du Golfe comme l'Arabie Saoudite et le Qatar. Dans ce contexte, Chiheb Seddik, membre du bureau national du RND et vice-président de l'APN, a fait savoir que lors de sa conférence de presse de samedi dernier «Doha est devenue la plaque tournante de tous les trublions du Monde arabe». Quant la secrétaire générale du PT, celle-ci a révélé que des responsables américains et français en premier lieu, ont tenu des rencontres secrètes avec des leaders islamistes dans des pays arabes dont l'Algérie, afin de leur donner des garanties et les aider à s'emparer du pouvoir. Pendant ce temps, Abdallah Djaballah et Bouguerra Soltani ne cachent pas leurs prétentions, confortés par l'invasion de la vague verte dans les pays voisin. La Ligue ou l'alliance islamiste est en débat, a réitéré avant-hier, Bouguerra Soltani au siège de son parti excluant toutefois toute consultation avec son concurrent déclaré, Cheikh Abdallah Djaballah.