La débâcle de la formation de Mahfoud Nahnah profite d'abord au MRN d'Abdallah Djaballah. Le MRN d'Abdallah Djaballah dont les députés s'attellent déjà à préparer la présidentielle de 2004, semble tout désigné pour porter le projet islamiste. Le MSP, qui enregistre des soubresauts qui l'ébranlent, semble lui offrir ce rôle sur un plateau d'argent. Son leader, cheikh Mahfoud Nahnah, fait aujourd'hui les frais d'une politique participationniste, souvent décriée par la base de son parti. Le verdict sans appel de cette dernière s'est confirmé à la faveur des élections législatives et locales. Dans les deux cas, la défaite cuisante du MSP s'est faite au profit d'El Islah. Propulsé au rang de force politique majeure en 1997, le parti de Mahfoud Nahnah a perdu plus de 300.000 voix aux locales de 2002. Alors qu'aux législatives ce même parti vit presque la moitié de ses sièges ravis par son rival le MRN qui obtint 43 sièges au Sénat. C'est que le discours du cheikh sur la «fraude anticipée» ne convainc plus. D'où la douce révolution, sur fond de maladie de Nahnah, entreprise au sein du MSP par le tandem Ahmed Adane et Bouguerra Soltani. Evoluant dans une tout autre logique et à contresens du MSP, la formation d'Abdallah Djaballah ne fait pas le jeu du gouvernement. Forte de 200.000 voix et d'un bonus de 39 communes à gérer, suite aux législatives et aux locales, El Islah se targue aujourd'hui d'être la première force islamiste d'opposition. Elle s'impose deuxième après le FLN. Son ascension paraît naître d'un discours radical vis-à-vis du pouvoir. Ayant enterré Ennahda de Lahbib Adami, Abdallah Djaballah signe donc aujourd'hui la fin de règne du MSP du cheikh Nahnah. Le secret, si secret il y a dans le succès du MRN, c'est essentiellement la constance dans le discours de son leader qui incarne le mieux la tendance islamiste. Loin de faire dans «la figuration», il se démarque clairement de la ligne Nahnah dont la popularité a clairement pâti de sa proximité du pouvoir. Djaballah se prononçant pour un islamisme «non apprivoisé». Jeune et dynamique, Djaballah a finalement toujours su réagir aux grands tournants qu'offre la politique; les crises qui minent ses rivaux ne peuvent que le renforcer davantage. Tout nouveau ralliement à sa cause ne peut que réduire ces derniers, dont le MSP, à une coquille vide. Ainsi, tel un papillon de nuit, le MSP s'est brûlé les ailes à force de consteller à proximité des éclairages du pouvoir.