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Yasser Arafat en danger de mort
BATAILLE AUTOUR DU PRESIDENT PALESTINIEN
Publié dans L'Expression le 16 - 09 - 2003

La communauté internationale vient encore de s'illustrer par sa pusillanimité face à Israël.
Face au danger que court le président palestinien, la communauté internationale s'est montrée, encore une fois, incapable de se prononcer clairement devant le s israéliennes, donnant même l'impression de vouloir arrondir les angles sans intervenir sur le fond, au moment où un chef d'Etat, Yasser Arafat, est le plus officiellement du monde menacé d'assassinat par le gouvernement d'un Etat membre des Nations unies: Israël. Ne nous leurrons pas, l'impuissance de la communauté internationale face à Israël a été cruellement démontrée samedi lors de la réunion à Genève, en session spéciale, consacrée à l'Irak, des ministres des Affaires étrangères des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité (les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, la Russie et la Chine) et le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Autrement dit, à Genève se trouvaient en conclave les «vrais» décideurs du monde, qui avaient là l'opportunité, à tout le moins, de condamner de la manière la plus explicite la prétention d'Israël à disposer de la vie des Palestiniens.
En effet, outre les assassinats ciblés de dirigeants politiques et militaires palestiniens, sans équivoque, différents responsables politiques et militaires israéliens se sont étalés ces derniers jours, dans la presse locale, sur la manière de faire un sort au président Arafat pour, expliquent-ils, le «liquider», terme employé par Avi Dichter, chef du Shin Beth (service intérieur de sécurité israélien).
Cette propension à parler froidement du meurtre qu'ils comptent commettre contre l'homme politique palestinien qui a le tort de résister à Israël, aurait dû soulever d'horreur la communauté internationale. Rien de tel n'a été vu si ce ne sont de timides protestations loin de dissuader un Etat arrogant qui sait ne courir aucun blâme et est assuré de l'impunité totale quoi que décident ses responsables.
Ainsi, dans une déclaration à la radio israélienne, Ehud Olmert, ministre du Commerce et de l'Industrie et vice-Premier ministre, peut se permettre de clamer «Le cabinet israélien a décidé en principe de se débarrasser d'Arafat, qui est un obstacle à la paix. Son expulsion est une option, et sa liquidation en est une autre. Il est aussi possible de le confiner dans des conditions cellulaires en le privant de visites et de téléphone». Face à cet oukase, la conférence de Genève fait le dos rond se contentant d'affirmer un euphémisme comme quoi il était «essentiel de continuer d'appliquer la feuille de route», à défaut de condamner franchement les appels au meurtre de la part des officiels israéliens. De fait, à Genève la menace qui pèse sur Yasser Arafat n'a même pas été examinée, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, se garda même de faire référence à la décision de «principe» d'Israël d'expulser Yasser Arafat et la menace de mort qui plane sur le président palestinien. Dès lors, il faut admettre que la communauté internationale reconnaît en Israël, un Etat à l'évidence hors normes, bénéficiant de la compréhension du monde, même dans ses crimes les plus abjects.
De fait, les Israéliens se voient quasiment encouragés à poursuivre la liquidation et le génocide du peuple palestinien, (des dizaines de responsables palestiniens ont été victimes d'assassinats ciblés), dont le tort est de réclamer le droit à vivre libre sur son territoire, occupé par l'armée israélienne. Les exécutions extra-judiciaires, les destructions récurrentes, ont été possibles, il faut bien le relever, grâce au silence, voire à l'accord tacite, de la communauté internationale qui feint de ne pas voir les destructions quotidiennes qu'inflige l'armée israélienne aux infrastructures et aux institutions palestiniennes.
Aujourd'hui, du fait de s de l'armée d'occupation, les territoires palestiniens sont devenus un vaste champ de ruines, ce qui n'empêche pas les cinq permanents et le secrétaire général de l'ONU, ce dernier excessivement prudent dans ses propos sur Israël, de mettre en avant une «feuille de route», plus illusoire que réelle aussi morts née que les précédents plan tous mis en échec par l'irrédentisme israélien. N'est-ce pas Ariel Sharon qui avait déclaré, dans sa toute première déclaration, en tant que chef du gouvernement israélien en mars 2001, que le processus d'Oslo était «définitivement mort»?. N'est-ce pas encore Sharon, alors leader du parti de droite le Likoud qui, par la profanation, en septembre 2000, de l'Esplanade des Mosquées avait donné le coup d'envoi à la violence qui déferle sur le Proche-Orient depuis maintenant trois ans? Cette situation a pu se perpétuer parce que, alors que les Nations unies sont marginalisées, la communauté internationale avait accepté les fausses solutions proposées par Israël et les Etats-Unis.
Du fait du veto de Washington et d'Israël, il n'a jamais été possible à la communauté internationale d'imposer la seule solution qui était envisageable pour que réellement tout processus de paix ait des chances de réussite. Solution expérimentée ailleurs qui fait de la séparation de deux belligérants, -par l'interposition d'une force internationale des Nations unies-, une condition sine qua non pour toute réussite d'un plan de paix. Cela s'est fait au Timor, au Kosovo, au Sahara occidental, en RD du Congo et partout dans le monde où la violence rendait la présence d'une force tierce indispensable. Cette donne, pourtant incontournable, pour toute solution négociée, se heurte au Proche-Orient au refus catégorique de l'Etat hébreu qui ne veut à aucun prix voir officialiser les frontières entre les territoires palestiniens occupés et Israël. En effet, une présence internationale séparant les deux communautés, juive et arabe, aurait conforté l'existence des deux entités, israélienne et palestinienne, quand Israël, contre toute logique persiste à nommer «Judée et Samarie» les territoires palestiniens occupés. Aussi, une séparation internationale mettra-t-elle fin à l'amalgame imposé par Israël et rendre plus difficile l'intervention militaire de l'armée israélienne, actuelle administratrice des territoires palestiniens occupés.
D'où l'opposition d'Israël à l'officialisation de sa frontière avec les territoires palestiniens occupés, considérés comme un prolongement d'Israël, les Palestiniens devenant quasiment des intrus. Pour parvenir à leurs fins, les Israéliens sont ainsi décidés aux conclusions les plus extrêmes comme l'assassinat du dirigeant palestinien.
De fait, les Israéliens disent clairement, et à haute voix, qu'ils veulent en finir avec le président palestinien, c'est bien le ministre israélien de la Défense Shaoul Mofaz qui affirmait samedi «il faut tuer Arafat» .Face au tollé international, les dirigeants israéliens ont quelque peu baissé le ton, mais ce n'est qu'un recul tactique car comme l'indiquait le chef de la diplomatie israélien, Sylvan Shalom, «l'option de se débarrasser de Arafat demeure de mise». Israël affirmant se réserver le droit d'éliminer physiquement le président palestinien. Ils attendent seulement le moment opportun, le temps que les choses se calment. Aussi, si effectivement la communauté internationale veut une réelle mise en application de la «feuille de route» il est grand temps pour elle de prendre directement en charge cette mise en oeuvre en mettant Israël face à ses responsabilités et à ses obligations. Toute autre démarche, qui laisse Israël seul maître du tempo d'application de la «feuille de route», comme c'est le cas actuellement, ou feindre, comme veulent le faire admettre les Israéliens, que la «feuille de route» ne s'applique qu'aux Palestiniens, sommés par Washington de s'y conformer, ne serait qu'une fuite en avant de la communauté internationale par son refus d'assumer ses responsabilités historiques dans le dossier palestinien.


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