Le standard a «explosé» sous les appels de citoyens ne pouvant se passer de leur «quotidien préféré». Le standard de notre journal a été saturé par des appels téléphoniques de lecteurs désirant lui apporter leur soutien. Nous avons comptabilisé, au bas mot, plus de 800 appels par jour. Dans le même temps, de nombreuses visites, effectuées dans le même but, ont été enregistrées ici à Alger, ainsi qu'au niveau de nos bureaux régionaux. Ces lecteurs, tous en colère, ont tenu à exprimer au collectif rédactionnel leur solidarité et leur soutien entier dans l'épreuve qu'il traverse présentement. Beaucoup d'entre eux connaissent le directeur de L'Expression de nom et de réputation. Ils disent respecter son grand combat en faveur de la liberté d'expression depuis qu'il était à la tête de Liberté. Beaucoup disent se souvenir, non sans émotion, de ses combats passés dans des suspensions quasi similaires, c'est-à-dire strictement politiques. Certains, connaissant le sens aigu de l'honnêteté intellectuelle et la rectitude des positions de Ahmed Fattani, n'ont pas hésité à proposer de donner de leur poche pour que le journal traverse avec succès cette dure épreuve. Inutile de dire que l'émotion, de part et d'autre, était bien souvent au rendez-vous. Et pour cause... Un commerçant de Ghardaïa a proposé un chèque d'un million de dinars que nous avons très poliment refusé non sans le remercier chaleureusement. De son côté, une femme originaire de Tlemcen, issue d'un milieu modeste, nous a indiqué n'avoir sur elle que 20.000 dinars et être quand même prête à nous les envoyer sur-le-champ. Un lecteur, salarié, a, quant à lui, appelé pour proposer de nous virer son actuel traitement mensuel et même d'organiser des quêtes en notre faveur. Ce vaste mouvement de solidarité et d'abnégation citoyenne est une leçon pour les décideurs qui doivent définitivement comprendre que l'on ne peut assassiner un journal, que seuls ses lecteurs ont le droit de le juger. Patiemment, nous avons expliqué que la suspension revêtait un caractère strictement politique et que le bras de fer actuel ne profitait guère aux décideurs du moment, donnant même rendez-vous à chacun d'entre eux sur notre site en attendant que passe la bourrasque. Nous tenons à remercier chacun par son nom, de ce chaleureux élan de solidarité que nous n'oublierons jamais, de même que rien ni personne ne nous fera taire ni ne nous déviera de notre ligne