Un huissier s'est présenté hier au siège du groupe, muni d'une ordonnance de saisie conservatoire. Cette ordonnance fait suite à une action en justice introduite dans le commercial par la SIO pour exiger le paiement des dettes qu'elle détient sur le groupe. Cette manoeuvre de l'imprimerie de l'Ouest n'est qu'«une autre forme de harcèlement que font subir les pouvoirs publics aux journaux qui ne leur sont pas acquis», dira un cadre du groupe. Il y'a quelques jours, la SIE et la SIO ont introduit des actions en justice devant la chambre commerciale contre le groupe Er Raï El Aam. «C'est une action illégale et qui devrait être frappée de nullité puisque il existe un contrat nous liant à ces entreprises que les imprimeurs n'ont pas respecté sur injonction de cercles politiques», dira un cadre administratif de l'entreprise. Le groupe est à sa deuxième sanction cette année. Il faut rappeler qu'en juillet dernier, quand le Président de la République avait lancé son complot contre la direction actuelle du FLN, le journal Er Raï qui avait défendu la légalité et dénoncé les manoeuvres des anti-Benflis, avait été suspendu au centre du pays. «Nous aurions pu aller vers la justice et exiger des dommages et intérêts puisque nous n'étions pas dans le tort, mais nous avions préféré préserver les bonnes relations qui nous liaient à l'époque à ce partenaire», dira M.Benaoum. Concernant le harcèlement judiciaire dont il fait l'objet, «les dossiers préparés par la police n'ont pas résisté devant les preuves que j'ai fourni au juge d'instruction. Je salue la justice de mon pays qui n'a pas voulu marcher dans la cabale montée contre la liberté d'expression. Je crois que c'est un point d'honneur pour les magistrats qui ont agi en leur âme et conscience et ont refusé de servir d'éléments le grossier montage contre les journaux suspendus. Dans les locaux de la police, j'ai subi un véritable interrogatoire sur la ligne éditoriale du journal et sur les interviews avec les leaders de l'ex-FIS que nous avions publiés. Je crois que le but de mon interpellation était de connaître ces détails, or la police pouvait facilement les avoir en m'adressant une convocation ou en revenant aux pages de nos journaux», avouera M.Benaoum. Le P-DG du groupe Er Raï El Aam qualifie de grave dérive totalitaire, les mesures répressives qui se sont abattues sur les journaux et les journalistes. «Certains sont tentés par la marocanisation des institutions de l'Etat qui sont devenues des instruments aux mains de certains, pour asseoir une dictature», avouera-t-il. Pour le moment, le moral des employés du groupe est au beau fixe et ne semble pas affecté par les manoeuvres de ceux qui veulent faire taire les journaux, une fois pour toutes.