Dalila Mekadder, une chanteuse algérienne installée aux Emirats arabes unis, a accédé au monde de la musique après des études au Conservatoire d'Alger, à l'âge de neuf ans, où elle étudia le solfège et s'initia à la musique andalouse. Ses maîtres furent successivement Anis M'hamsadji, Mustapha Boutriche, Mamade Benchaouche et Mustapha Skandrani. 1980: concert à l'Auditorium de la Radio nationale où elle interprète la «Nouba Ghrib», accompagnée par Mustapha Skandrani 1981: Dalila intègre l'association Fakhardjia sous la direction de Abderezak Fakhardji et Rezki Harbit. 1984: Premier Prix du Conservatoire d'Alger. 1986: regagne l'association Essendoussia. 1987: départ pour les USA. Depuis 2004, Dalila rallie l'association «La Cordoba d'Alger» sous la baguette de Najib Kateb. L'Expression: Vous avez commencé à chanter étant enfant. Avez-vous connu une période un peu particulière et pouvez-vous nous raconter Dalila Mekadder? Dalila Mekadder: J'ai commencé à chanter depuis que j'étais petite. J'étais confrontée à plusieurs contraintes qui ne m'ont pas permis de produire d'album. Malgré tout, rien ne m'a empêchée de garder les contacts avec ma famille musicale. Ce qu'il faut savoir c'est que même si je n'avais pas produit d'album, je suis restée très branchée à la musique. Parlons de vos albums. Y a-t-il des chansons qui racontent justement Dalila? Dans mes chansons, je parle du patrimoine de mon pays. Je veux faire connaître l'Algérie. Aux Etats-Unis, où j'ai vécu plus de 20 ans, les Américains qui prenaient part aux concerts que je donnais étaient vraiment impressionnés par la culture algérienne en général et notre musique en particulier. C'est le même sentiment que j'ai eu même dans d'autres pays où j'ai animé d'autres soirées. A titre d'exemple, aux Emirats arabes unis, où je vis depuis 5 ans maintenant, quant ils ont découvert ma voix, des chanteurs m'ont même proposé d'interpréter des chansons dans le style oriental. J'ai refusé sincèrement. Pour moi, il faut d'abord faire connaître le style que je chante, à savoir l'andalou. Il faut d'abord faire connaître mon identité. Je suis une chanteuse qui aime son pays. Parlons justement du hawzi, de la nouba de l'andalou: ont-t-il toujours leur place sur la scène culturelle? Aujourd'hui, il y a des chanteurs et des chanteuses qui font un excellent travail. J'ai constaté que la ministre de la Culture, Khalida Toumi, est en train de faire un beau travail. Avec tous les festivals qu'elle organise, je pense que c'est la meilleure façon d'aider ces chanteurs. En tout cas, elle permet de vulgariser ces styles pour les nouvelles générations. N'est-ce pas là une meilleure façon de sauvegarder notre culture et notre patrimoine? Dans le cadre de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique», vous avez animé un concert récemment à Tlemcen. Est-ce là votre première en Algérie? Oui, c'est un concert exceptionnel pour moi. J'étais surprise par le nombre important des férus du style que je chante. Vous imaginez, les gens se sont déplacés de partout pour assister à ce concert. Je suis très heureuse que le public ait beaucoup apprécié les chansons que j'ai interprétées. D'ailleurs, cette opportunité m'est offerte par la ministre de la Culture et ses partenaires, notamment la fondation Abdelkrim Dali, le coordinateur de l'association Nadjib Kateb, Mme Benchikh et Fayçal Kelfat, que je tiens à remercier. Vu cette expérience, je ne vous cache pas mon souhait de me produire dans d'autres régions du pays. D'abord, je veux vraiment découvrir mon pays et ensuite faire connaître mes chansons à tous les Algériens. Parlons de l'Algérie, de ses chanteurs. Peut-on savoir quel regard vous portez sur la chanson et le chanteur algériens? J'étais très influencée par les grands «maîtres» du chaâbi et de l'andalou qui chantaient par amour et par passion. Et j'aimerais être un modèle pour les jeunes générations afin de garder cette bonne image de nos chanteurs. J'aime bien le travail de Allaoua et de Idir. Ce sont de grands chanteurs et ils représentent un monument de la chanson algérienne, en général, et de la chanson kabyle, en particulier. Aujourd'hui, je ne vous cache pas que je serais aussi très heureuse de chanter en duo avec des chanteurs de mon pays. Ça me fera vraiment un grand plaisir. Parlant des chanteurs algériens, ces derniers font un travail important pour la sauvegarde de notre patrimoine, malheureusement ils ne reçoivent rien en contrepartie. Ils n'ont même pas de statut. C'est regrettable! Dalila, c'est à la fois l'histoire d'une femme mais aussi d'une aventure un peu particulière. Qu'est-ce qu'elle prévoit pour son avenir artistique? J'ai réalisé en effet deux albums, le premier en 2007 et le second en 2009, que j'ai dédiés à Fadila Dziria. A chaque fois que je me produis, les gens me disent que je leur rappelle cette grande chanteuse. Actuellement, je suis en train de préparer un troisième album. Il sera disponible sur le marché algérien dans les prochains mois. En dehors de la chanson et du monde artistique, peut-on savoir comment Dalila vit les événements qui secouent le Monde arabe? J'aurais aimé que nos pays vivent en paix. Je ne vous cache pas la tristesse que j'éprouve sur ce qui se passe dans le Monde arabe. Je souhaite de tout mon coeur qu'on puisse dépasser ces moments difficiles. Et je souhaite que les malheurs que subissent les peuples arabes ne soient qu'un mauvais souvenir. Nos peuples ont droit à la liberté et méritent de vivre en paix. En tout cas, moi je ne parle pas de ce sujet dans mes chansons car je ne chante que du hawzi, nouba, andalou, etc.