Des acteurs de la société civile et des politiques de tous bords apprécient la reparution de notre journal. Mme Benhabilès: «Félicitations!», lance-t-elle derechef. Avec un langage du coeur comme à son habitude, elle enchaîne: «Comme toutes les Algériennes qui ont assisté à la naissance dans la douleur de la presse indépendante en Algérie, je ne peux qu'applaudir le retour de L'Expression et affirmer ma satisfaction à cette occasion. Toutefois, il m'est un devoir que de rappeler les circonstances dans lesquelles sont nés les journaux indépendants dans notre pays; des journaux qui ont été à l'avant-garde de la lutte antiterroriste. Aujourd'hui je lance un appel aux pouvoirs publics pour trouver une solution pacifique au conflit qui les oppose à quelques médias indépendants. Bien que je n'ai pas tous les éléments du dossier, je tiens à ajouter qu'il est dans l'intérêt des Algériens d'éviter tout dérapage dans ce domaine. D'où la nécessité de trouver un terrain d'entente; c'est vital pour la démocratie en Algérie, le tout est de situer les responsabilités de part et d'autre tout en lâchant un peu de lest. La presse libre au même titre que le multipartisme reste, avant tout, un acquis pour le peuple.» M.Artfouni du RNC (Rassemblement national constitutionnel) lance un joyeux «mabrouk», en apprenant le retour de L'Expression dans les kiosques. Il rappelle le soutien inconditionnel de son parti à toute la corporation des journalistes, tous titres confondus. «Notre soutien demeure inconditionnel et nous refusons le harcèlement orchestré contre la presse d'où qu'il émane. Surtout lorsque la cabale s'abat sur un jeune titre prometteur qui plus est.» Dans la foulée, le porte-parole du RNC évoque le soutien de sa formation à l'actuel président de la République en perspective de la présidentielle de 2004. Selon lui le président Bouteflika qui a déjà engrangé les mécanismes de l'essor devrait encore être encouragé pour un second mandat pour faire aboutir les desseins qui ne peuvent que servir l'intérêt de la nation qui a énormément besoin d'avancer dans la stabilité. Il rappelle que la liberté de la presse reste un droit inaliénable arraché par le peuple algérien et ne saurait souffrir d'aucune surenchère. Abdelhamid Si Afif, à l'occasion de la reparution de L'Expression, tient à s'exprimer en tant que personne et non pas au nom du mouvement de redressement du 8e congrès FLN dont il est partisan. «Ayant depuis longtemps exprimé ma position en faveur de la liberté de la presse, du devoir d'informer et du droit de l'être, je ne peux que dire ma satisfaction de voir un quotidien aussi respectable que L'Expression retrouver ses marques parmi les meilleurs titres de la presse nationale et retrouver enfin ses lecteurs. J'espère que cette difficile expérience ne se reproduira plus à l'avenir. Toutefois je tiens à préciser qu'un journal ne devrait jamais faire l'objet de manipulations; tout en informant et pourquoi pas en analysant toute situation, il est de la responsabilité des journalistes de ne jamais piétiner l'éthique.» M.Rebbaine Fewzi, avec un langage du coeur, lance à son tour un joyeux «mabrouk». «Tasstahlou khir mane lakhrine! Vous méritez, plus que les autres, votre retour» déclare-t-il tout en estimant que notre absence n'a que trop duré. «Ce n'est pas normal!», s'exclame-t-il encore, non sans commenter que l'expérience que vient de vivre la presse en général et L'Expression en particulier rappelle on ne peut mieux «notre justice à deux vitesses où chaque dossier a une solution particulière. C'est exactement ce que nous venons de voir avec le cas de L'Expression». Il tient néanmoins à ce que L'Expression persévère dans sa ligne éditoriale qui fait sa spécificité. M.Rebbaine affirme que nombreux sont les espaces politiques qui soutiennent quotidien L'Expression. Un soutien désintéressé, précise-t-il. M.Lakhdar Ben Khallef, heureusement surpris par le retour de L'Expression, souhaite «une reprise bénie au journal sur la scène médiatique», il note que ce quotidien a réussi à gagner le respect et l'estime des milieux populaires. L'Expression qui, par ailleurs, garde de très bons rapports avec la formation de cheikh Abdellah Djaballah, jouit d'une ligne éditoriale qui le distingue des autres publications. «Nous encourageons son équipe de rédaction à persister dans sa voie», renchérit-il. M.Arfoutni, membre de la direction du PT (Parti des travailleurs): C'est là une bataille de gagnée dans le combat démocratique, dans lequel le PT ne cesse de se battre pour les libertés fondamentales dont celles de la presse et de la liberté d'expression qui a jalonné le combat démocratique. Que la presse et la liberté soient définitivement confirmées. Parlant au nom du PT, il insiste sur le règlement pacifique des différends, particulièrement dans cette période difficile et dangereuse que connaît présentement le pays, en butte à de multiples agressions. Ce représentant du Parti des travailleurs croit plus que toute autre chose que l'Algérie a besoin de stabilité. A la croisée des chemins, la raison politique doit prévaloir plus que jamais, soutient-il tout en insistant sur l'intérêt de la nation qui doit avant tout primer. Car la République n'a pas besoin de dislocation. Au PT l'on reste convaincu de ce fait que les turbulences que traverse la presse ne sont que le signe de l'offensive généralisée menée par les multinationales contre les nations. A ce titre l'on n'hésite pas à citer en exemple l'Irak ou quelques pays de l'Afrique. En se réconciliant avec la presse l'on ne peut donc que donner de l'espoir au peuple, seule source de liberté. En lui restituant sa presse, l'on ne peut que lui redonner sa dignité, dans une République une et indivisible. Me Bouchachi, avocat: «Comme tout défenseur des libertés d'expression, je ne peux qu'applaudir le retour sur scène du quotidien L'Expression. Je demeure néanmoins convaincu que le cycle harcèlement des journalistes- suspension de journaux porte un cachet éminemment politique.» M.Harchaoui, affichant un devoir de réserve étonnant, dit tout simplement: «Je n'ai aucune déclaration à faire, je suis mal placé pour le faire.»