Une centaine de personnalités, dont le prix Nobel de Physique Albert Fert, ont signé une pétition contre une circulaire qui restreint la possibilité pour les diplômés étrangers de rester travailler en France, qualifiée de «moralement méprisable, économiquement suicidaire». Une circulaire diffusée le 31 mai 2011, signée par les ministres de l'Intérieur Claude Guéant et du Travail Xavier Bertrand, restreint la possibilité pour les étudiants étrangers d'obtenir un statut de salarié pour travailler en France au terme de leur formation, demandant notamment aux préfets «d'instruire avec rigueur» les demandes d'autorisation de travail. Elle s'inscrit dans la volonté des autorités de réduire l'immigration légale, alors que le camp du président Nicolas Sarkozy entre en campagne électorale avec un discours très dur sur l'immigration, à quatre mois de l'élection présidentielle. Les signataires de la pétition s'engagent à «parrainer les diplômés étrangers en les aidant concrètement dans leurs démarches dans les préfectures» et à les «protéger» pour qu'ils puissent rester en France car, selon l'intitulé de la pétition, «la matière grise est de toutes les couleurs». Pour eux, le «message» de la circulaire Guéant du 31 mai «est claire: étranger, ne viens pas étudier chez nous, et n'espère pas trouver un emploi au terme de tes études». «L'idée véhiculée est aussi mensongère que dangereuse», expliquent-ils, car «dire que l'embauche d'un étranger prend l'emploi d'un citoyen français, c'est faux! C'est un mensonge éhonté». «Un diplômé étranger travaillant en France, c'est quelqu'un qui paye ses impôts en France, qui consomme en France, qui achète en France, qui soutient l'emploi et la consommation en France. S'il devient chef d'entreprise, c'est quelqu'un qui embauche en France», écrivent-ils. Parmi les signataires figurent notamment l'ex-présidente du groupe nucléaire Areva Anne Lauvergeon, le président d'université et généticien Axel Kahn, le professeur au Collège de France Pierre Rosanvallon, le sociologue Edgar Morin, l'écrivain Jean-Christophe Rufin...Ils appellent «les chefs d'entreprise comme les universitaires à soutenir publiquement la demande d'abrogation» de la circulaire. Dimanche à Paris, à l'occasion de la Journée mondiale des migrants, des étudiants victimes de cette circulaire, réunis dans le Collectif du 31 mai, ont à nouveau manifesté pour en demander le retrait.