15 avril, le président promet des réformes. 22 novembre, le Sénat les achève. Aujourd'hui, trois lois sont approuvées par les élus. Partis politiques, associations et information ont leurs nouveaux textes législatifs après ceux approuvés en 1990, au début de l'ouverture démocratique arrachée par la révolte d'Octobre 1988. Mais voilà que 20 ans après, c'est plutôt le désenchantement qui caractérise la classe politique et la société civile, qui remplace l'enthousiasme soulevé par la jeunesse. Certains comptent sur les élections du printemps prochain pour tourner la page d'une année 2011 chargée de convulsions. Même si rien n'est moins sûr au vu des récriminations qui fusent de partout et qui ne sont pas que des jérémiades. N'empêche qu'on compte sur le foisonnement de partis pour donner l'impression de desserrer l'étau. Comme si la démocratie se mesurait à l'aune du nombre de partis, d'associations ou de journaux. L'opposition continue même à se nourrir du ralliement d'un parti qui jusque-là, faisait partie de l'Alliance présidentielle. En revanche, le FLN et le RND ne voient que du bien dans ce train de mesures. Les réformes sont aussi bien considérées à l'étranger. Les puissances occidentales ont adoubé l'équipe en place. Les réformes en cours en Algérie plaisent même au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon qui l'a déclaré à un hebdomadaire algérien, il y a quelques jours, lors du forum sur le dialogue des civilisations à Doha, le 11 décembre dernier. Mais le secrétaire général de l'ONU met tout de suite un bémol à son enthousiasme en prévenant que la jeunesse peut très bien rééditer sa révolte de 1988. Pour éviter un tel scénario, il ne voit qu'une seule issue: laisser la place aux jeunes par la pratique de l'alternance au pouvoir. M.Ban n'a pas manqué, ainsi, de rappeler qu'Al Bouazizi, ce Tunisien qui s'est immolé par le feu il y a un an, a été contraint à ce geste de désespoir à cause des conditions économiques difficiles, d'où son appel à davantage de réformes. Pour l'instant, tous les regards sont tournés vers le ministère de l'Intérieur. Daho Ould Kablia va s'employer à étudier les dossiers des 15 partis ayant demandé leur agrément pour leur transmettre une réponse dans quelques semaines. Certains attendent depuis des années. Menasra, Djaballah, Ghozali, Benyounès, Mohamed Saïd sont de ceux-là. La liste est plus longue. On peut citer des demandes d'agrément de partis comme le Mouvement civique et démocratique ainsi que «al Fadjr el djadid» de Benbaïbeche et «Djil djadid» de Sofiane Djilali. Le Front national des libertés des dissidents du FNA est aussi dans la file d'attente à côté du Mouvement des nationalistes libres de Abdelaziz Ghermoul. Djamel Benabdeslam veut, quant à lui, créer le Front de l'Algérie nouvelle. Un groupe de jeunes ont donné un nom tout aussi évocateur pour leur parti, Jeunesse algérienne, qui viendra s'ajouter au Rassemblement de la jeunesse algérienne. Il en va de même des dissidents du FLN qui envisagent de donner naissance à El Moustakbel. Une question toutefois: une fois leur agrément en poche, ces «nouveaux» partis auront-ils le temps suffisant pour préparer leur campagne électorale qui pointe à l'horizon?