L'agrément des nouveaux partis politiques avant la fin de l'année. Cette déclaration de Daho Ould Kablia, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, est un énième revirement dans l'attitude des pouvoirs publics dans leur traitement des demandes de création de partis politiques. Et il semblerait que les dossiers «en souffrance» ne doivent pas attendre l'entrée en vigueur de la nouvelle loi organique régissant les partis politiques afin d'être légalisés. Ces formations patientent depuis des années pour certaines, un agrément de la part du ministère de l'Intérieur. L'Union pour la démocratie et la République (UDR), le parti de Amara Benyounes, ancien membre du RCD, le Front démocratique (FD), parti non agréé de Sid-Ahmed Ghozali, ainsi que le Parti pour la liberté et la justice (PLJ), formation de Mohamed Saïd, ancien du Wafa, attendent une autorisation légale de la part des autorités concernées. D'autres partis se sont constitués par la suite. Le Front de la justice et du développement de Saâd Abdallah Djaballah, fondateur d'Ennahda et d'El Islah, le Front pour une Algérie nouvelle (FAN) créé par Djamel Benabdeslam, ancien membre d'El Islah, le Hizb el fadjr el jadid, de Tahar Benbaïbeche, anciennement patron du RND, ou encore Jil djadid, dont le coordinateur est Soufiane Djilali, ancien responsable du PRA. Tous ces partis politiques ont en commun l'absence ou le refus du ministère de l'Intérieur d'octroyer à leurs fondateurs une reconnaissance légale et officielle. Et la déclaration du ministre de l'Intérieur semble avoir convaincu certains de ces «aspirants-partis». «Nous avons reçu des assurances quant à un agrément imminent, au plus tard au cours du mois de janvier prochain», affirme Mohamed Saïd. Ce dernier affirme être dans l'attente d'une prise de contact par les services du ministère de l'Intérieur. «Nous n'avons rien eu pour l'instant. Mais il est logique que ce soit le ministère qui prenne attache avec nous afin d'actualiser notre dossier», explique-t-il. Beaucoup plus qu'une promesse, l'application de ces déclarations relève «d'une nécessité» afin de renouveler une scène politique ankylosée. «Il en va de l'intérêt même du pouvoir de procéder à une ouverture du champ politique. Le système et les forces actuelles ont atteint leurs limites et ont démontré l'étendue de leur incompétence», estime Mohamed Saïd. «Recyclage» ou renouveau ? Cette «volonté d'ouverture» sera testée dans les prochaines semaines. Ainsi, Djamel Benabdeslam, qui a tout juste annoncé la création du Front pour une Algérie nouvelle (FAN), escompte incessamment effectuer sa demande d'agrément. «Nous en sommes à la constitution du dossier, qui sera fin prêt dans une quinzaine de jours», affirme-t-il. Pourtant, dans le même temps que M. Ould Kablia donnait ces «assurances», Jil djadid dénonçait, dans un communiqué, le refus du ministère de l'Intérieur de recevoir une quelconque demande d'agrément. «Le ministre a fait ces promesses publiquement afin de couper l'herbe sous le pied de ceux qui s'opposent aux réformes», estime M. Benabdeslam. Ainsi, «certains partis déjà établis, comme les partis de l'Alliance présidentielle, et tout particulièrement le Front de libération nationale (FLN)», tentent par tous les moyens de bloquer cette libéralisation de l'initiative partisane. «Il est fort regrettable qu'il y ait cette volonté d'obstruction et de maintien du verrouillage qui ne profite qu'à peu. L'on veut priver la société d'alternatives et de renouveau», accuse M. Oussaïd. Toutefois, l'autre point commun entre ces partis politiques est qu'ils sont tous la création de «transfuges» d'autres formations. Alors, «recyclage» ou réel renouveau du paysage politique ?