La journée de demain sera décisive pour la corporation. La population oranaise est unanime à reconnaître que l'argument commercial avancé par les pouvoirs publics pour justifier la suspension qui a frappé les journaux est fallacieux. Les nombreux citoyens que nous avons contactés pour avoir leur avis sur la journée sans presse, décidée par les éditeurs, ont réaffirmé le caractère politique de la suspension qui a frappé certains titres de la presse indépendante. «Tous ceux qui n'étaient pas acquis aux thèses développées par certains cercles du pouvoir ont fait les frais de la mesure de suspension», dira un membre d'un comité de vigilance citoyenne, créé à Oran au lendemain de la suspension qui avait empêché des titres de paraître. Ce comité, formé de citoyens, de juristes et de certains journalistes, se déclare mobilisé pour donner un cachet spécial à la journée sans presse. «Aujourd'hui, la liberté d'expression est fortement menacée par les tenants d'un discours hérité d'un temps révolu. La presse libre et indépendante est un fondement de la démocratie et de l'Etat de droit que nous voulons léguer à nos enfants et nous ne faillirons pas dans notre combat pour la préservation des libertés», dira un membre du comité. Jeudi dernier, le MDS avait organisé à son siège une rencontre-débat sur les libertés collectives et individuelles. La rencontre qui n'avait pas bénéficié d'une bonne publicité a été quand même l'occasion de réaffirmer que seule une mobilisation citoyenne est en mesure de faire barrage aux complots qui visent la liberté d'expression. Les nombreux orateurs, qui avaient pris la parole à l'occasion, ont été unanimes à dire que le combat n'est plus du ressort exclusif de la presse. Toute la société doit s'impliquer dans cette bataille pour la préservation d'un des acquis de l'«insurrection d'octobre», dira un militant du MDS rencontré à Oran. La journée de demain sera décisive pour la corporation à Oran. Les journalistes sont invités à expliquer aux citoyens les raisons qui ont poussé les éditeurs à décréter la journée de lundi sans presse. Cette grève permettra de lever tous les équivoques et de montrer qu'aujourd'hui est venu le temps de se battre pour défendre la démocratie menacée par le retour de pratiques héritées d'un temps éculé. «J'espère bien que la presse régionale marchera dans ce mouvement, car il serait malheureux de la voir en reste d'un combat qui concerne toute la société», ajoutera un citoyen qui dira qu'il marquera son soutien à la presse, à cette occasion, en observant une minute de silence à midi sur son lieu de travail et en contractant des abonnements chez certains titres suspendus comme L'Expression ou encore Le Matin.