La menace de suspension de six journaux, brandie par le pouvoir qui avance son argument habituel et fallacieux, à savoir le règlement des factures d'impression, était, hier, au centre des discussions entre les citoyens rencontrés au centre-ville de Béjaïa. L'ensemble des personnes approchées par nos soins est unanime à condamner cette décision “arbitraire” et à soutenir la presse indépendante. Ainsi, Dr Kessas Laâziz, médecin généraliste, estime que “cette décision dénote, encore une fois, la volonté du pouvoir à mettre à genoux la presse indépendante qui reste l'un des acquis démocratiques durement arrachés au lendemain des évènements tragiques d'octobre 1988. La liberté d'expression, qui constitue l'un des principes de la démocratie, est aujourd'hui menacée. À chaque fois qu'il se sent acculé par des révélations faites par la presse, le pouvoir évoque l'argument commercial pour faire taire les journaux indépendants”. Pour Mohamed M., un commerçant de 44 ans, le pouvoir qui se trouve éclaboussé par les dernières révélations de la presse indépendante trouvera mille et un alibis pour suspendre ces journaux. “Bouteflika et ses compères veulent museler la presse et rétablir les pratiques de l'ère du parti unique”, conclut-il. Rencontré dans un café maure situé à la cité Nacéria, Karim D., un chômeur de 38 ans, condamne “énergiquement ce genre de procédé qui est indigne d'une République dite démocratique et d'un Etat de droit. Que le pouvoir en place sache qu'il ne pourra jamais faire taire ces millions de voix d'Algériens qui continueront à le dénoncer et à le combattre sans relâche. On ne peut que vous exprimer notre soutien indéfectible et rester déterminés à poursuivre le combat ensemble”. K. O.