Les foyers de violence qui viennent de se manifester ici et là incitent réellement à plus de rigueur. Le Gspc vient encore de s'illustrer par des assassinats ciblés, qui ont fait au moins cinq morts et plusieurs blessés. Le premier a ciblé une brigade de la Bmpj de Baghlia, où trois policiers ont été tués, mardi, tard dans la nuit. Presque au même moment, une embuscade meurtrière tendue par un Gspc local a permis aux hommes de Hattab de tuer encore deux militaires et d'en blesser trois autres. Cette percée du Gspc fait suite à un retour pour le moins inattendu du GIA, jadis groupe armé hégémonique, et aujourd'hui crépusculaire, dans la région d'Annaba. Depuis la mise hors d'état de nuire d'un groupe affilié à cette organisation dans la périphérie de Constantine, au début de l'année dernière, on avait rayé le GIA de la carte sécuritaire de l'Est. Dans un communiqué daté du 16 septembre dernier et, dont L'Expression détient une copie, le GIA ordonne aux habitants de plusieurs localités et hameaux isolés de la région d'Annaba de quitter immédiatement leurs habitations sous peine d'être tués. Le motif de cet ultimatum semble être, selon le communiqué, très succinct, le fait que les services de sécurité aient placé dans chacun des villages cités dans le communiqué, des informateurs qui les tiennent au courant des mouvements des groupes armés qui transhument à travers la région. Le communiqué, non authentifié, porte la signature d'un certain Khoubayb, émir de zone, qui aurait agi en concert avec son émir national, Abou Tourab Rachid. Le bas du communiqué porte un grotesque gribouillage en guise de signature, et aucun cachet de l'organisation. Ce qui porte à croire qu'il faut le prendre avec une grande circonspection, bien que le texte finisse par le péremptoire «le sang, le sang ! La destruction, la destruction !» cher au GIA. L'émir de zone de cette katibat de Annaba est affilié aux «Baqoun all'ahd», eux mêmes considérés comme une faction autonome, mais qui a toujours fait allégeance au GIA. Plus sérieux est le retour du Ghds, les fameux Houmât Ed-Draâwa Essalfia, en hibernation depuis plusieurs mois, et qui viennent de s'illustrer eux encore en assassinant neuf militaires dans la région de Aïn Defla. Aujourd'hui encore, une vaste opération de ratissage est déclenchée aussi bien à Aïn Defla, où le Ghds semble l'organisation armée la plus imposante avec plus de 150 hommes armés disséminés à travers les wilayas limitrophes (Chlef, Tiaret, Tissemsilt, Relizane, Mascara, Saïda et Sidi Bel Abbes) et mené par le fantomatique, Mohamed Benslim. Voilà donc, aux portes de l'hiver, un retour inquiétant des djamaâtes, qui pose chaque jour plus de points d'interrogation insolubles, concernant leur période d'accalmie, leur poussée meurtrière, le recrutement qu'elles opèrent et les hommes qui les servent. Déjà, avant-hier, lors du procès des douze jeunes de Boumerdès, on pouvait lire, sur une liste accrochée dans une salle jouxtant la salle d'audience, les noms de soixante-seize hommes recherchés dans le cadre du soutien au terrorisme dans la seule wilaya de Boumerdès. Très inquiétant.