L'entreprise nationale est-elle capable de confirmer les espoirs que le ministre de la Santé a placé en elle? Les médicaments algériens feront leur entrée dans les pharmacies des pays arabes. En effet, «à partir de 2012, les pays arabes qui voient leurs médicaments homologués en Algérie devront eux aussi homologuer nos médicaments chez eux», c'est du moins ce qu'a déclaré, hier, le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès en marge de la réunion de la Haute commission technique arabe du médicament qui s'est tenue hier à l'hôtel Sheraton d'Alger. «C'est moi, Djamel Ould Abbès qui l'ai décidé! Et je le répète, si un pays arabe veut voir ses médicaments faire leur entrée en Algérie, il est tenu d'homologuer les médicaments algériens chez lui», a insisté le ministre précisant que ce n'est pas une demande mais une obligation. «C'est cela l'aide arabo-arabe. «Aliya ou aalik» (donnant-donnant). On les laisse commercialiser leurs médicaments chez nous, la logique veut qu'ils en fassent de même», a précisé le ministre. «A titre d'exemple, nos frères marocains ont exprimé leur voeu de voir l'Algérie autoriser leurs médicaments à être commercialisés en Algérie, je leur ai dit qu'ils étaient les bienvenus à condition que nos médicaments soient eux aussi homologués au Maroc», relate-t-il. A ce propos, le ministre a expliqué que cette coopération doit tendre vers l'objectif de diminuer les importations de médicaments en encourageant, en particulier, les productions locales. Voilà donc une mesure qui ne manquera pas de booster les producteurs nationaux et de leur ouvrir le marché étranger. A ce titre, il faut dire que c'est une bénédiction pour le groupe Saidal. Ce dernier est le grand gagnant de cette réciprocité des pays arabes envers l'Algérie. Avec cette importante disposition prise par le ministre, l'entreprise publique va pouvoir s'ouvrir vers l'étranger. Il faut cependant, rappeler que pour mettre un terme aux dysfonctionnements du marché du médicament, Saidal a annoncé en août dernier qu'elle allait mettre en place un plan de développement. D'un montant de 16,7 milliards de dinars, ce plan porte sur la modernisation de 5 sites de production et la construction de 6 nouvelles usines de médicaments, ainsi que la création d'un centre de biotechnologie, d'un laboratoire de bioéquivalence et le renforcement du centre de recherche/développement. Ce plan devra permettra de faire passer la gamme de 279 à 343 produits pharmaceutiques et de faire évoluer la capacité de production de 173 millions à 370 millions unités de vente. Ce nouveau plan de Saidal qui porte sur la période 2010-2014 a donc pour objectif de réguler et de le mettre fin aux pénuries qui touchent régulièrement le marché national. La question est de savoir maintenant si Saidal a les capacités de jouer sur tous les fronts. Il convient de souligner que pour le moment, Saidal n'arrive pas à répondre aux besoins nationaux. Certes, les raisons sont objectives mais il faut d'abord régler ce dilemme car il ne suffrt pas de «jeter» une entreprise publique sur le marché international du médicament pour que cela marche. Il y a de nombreux problèmes que ce fleuron de l'industrie pharmaceutique algérienne doit d'abord régler à tous les niveaux. En passant par ses usines de production jusqu'à son centre de recherche, le CRD Saidal. Cela étant, il n'y a pas que Saidal qui va bénéficier de «la révolution» de Ould Abbès, même «les laboratoires privés, qui ont déjà vu leurs médicaments homologués dans des pays africains comme le Mali et le Burkina Faso et le Niger, vont désormais avoir la possibilité de les homologuer dans les pays arabes», a souligné le ministre. Voilà donc que l'Algérie veut inonder les pharmacies arabes de ses médicaments. Les entreprises algériennes pourront-elles rivaliser avec la concurrence arabe?