Démenti n Bien que les malades, les médecins et les pharmaciens se plaignent de l'indisponibilité de certains médicaments, le ministre de la Santé a, encore une fois, nié l'existence d'une pénurie. Djamel Ould Abbès, qui intervenait, hier, lors d'une conférence de presse, a affirmé qu'il s'agissait d'une «fausse pénurie fomentée par des intrus qui ont pollué le marché». «Tous les médicaments sont disponibles au niveau des hôpitaux et des officines», a souligné le ministre. Il a expliqué que les médecins peuvent prescrire d'autres médicaments qui sont disponibles mais «sous d'autres appellations». D'ailleurs, une note, qui se réfère à des déclarations d'opérateurs dans le domaine de la pharmacie sur leurs stocks de médicaments pour les mois de juin et juillet 2011, indique que les médicaments déclarés introuvables «sont disponibles et sous des appellations différentes». «Tous les stocks de médicaments, y compris les marques commerciales introuvables pouvant être remplacées par des génériques, ont été ou seront renouvelés et font l'objet actuellement de dédouanement ou d'analyses au niveau du Laboratoire de contrôle des produits pharmaceutiques (LNCPP)», a indiqué la note. Lors de cette conférence de presse à laquelle ont assisté certains producteurs de médicaments et des syndicats en relation avec ce dossier, le ministre est allé encore plus loin en affirmant que la pénurie de médicaments «n'a jamais existé» ! Le manque de certains médicaments sur le marché national est, selon le premier responsable du secteur, dû à une perturbation «planifiée par une mafia qui a pollué le marché». Cependant, M. Ould Abbès reconnaît qu'il y a un manque de deux médicaments entrant dans le traitement du cancer et du sida. Il s'agit d'un médicament entrant dans le traitement du sida sur un total de 20 produits destinés au traitement de cette maladie, selon les explications du responsable de la pharmacie centrale qui précise que ce manque a été enregistré à Oran, mais le médicament en question sera disponible avant le 15 août. C'est le même cas pour un des 129 médicaments entrant dans la chimiothérapie du cancer, ajoute la même source. S'agissant de l'insuline, le président-directeur général du groupe Saidal, Boumediene Derkaoui a précisé que la distribution de cette substance vitale connaissait des «perturbations», soulignant que l'usine de Constantine travaille à plein temps. La production et les ventes du groupe ont «augmenté de 20% par rapport à l'année écoulée». En prévision de toute pénurie, Saidal a mis en place un stock de réserve en insuline, fait savoir M. Derkaoui. Par ailleurs, le porte-parole du Syndicat national des pharmaciens privés (SNPP) a déploré le fait que «l'Etat ne dispose d'aucun plan destiné à faire face à la pénurie des médicaments», ajoutant que celui-ci «doit prendre des décisions urgentes pour mettre un terme à ce phénomène». A cet effet, le syndicat a préconisé la création d'une instance nationale chargée de suivre l'acheminement (traçabilité) des médicaments qui entrent en Algérie afin d'assurer une meilleure maîtrise du marché national et d'éviter toute pénurie de médicament. Les importations seront contrôlées L'importation des produits pharmaceutiques sera contrôlée d'une manière « rigoureuse » en 2012 au niveau des ports et aéroports du pays en vue d'une meilleure régulation du marché, a indiqué hier, le secrétaire général du ministère de la santé. Ceci permettra d'avoir une estimation « réelle » de la quantité de médicaments et autres produits pharmaceutiques disponibles en Algérie pour prévenir d'éventuelles pénuries, a expliqué ce responsable, qualifiant l'actuel système d'évaluation du marché d' « inopérant ». Actuellement, c'est l'opérateur lui même qui s'auto-évalue en déclarant son état de stock de médicament mensuellement, a-t-il dit.