L'été aura été chaud pour cette compagnie. En plus du rush habituel en pareille saison, se sont ajoutés les effets du séisme du 21 mai dernier, réduisant à une portion congrue l'espace des différents services de l'aéroport Houari-Boumediene d'Alger. Malgré tout, cette période particulière a pu être gérée au mieux. Il faut dire que notre compagnie nationale commence à développer de bons réflexes devant les multiples coups de boutoir dont elle a été l'objet depuis des années. Cela avait commencé en 1995 après la brutale décision d'Air France, aussitôt suivie par d'autres compagnies internationales, de ne plus desservir l'Algérie. Air Algérie s'est vue contrainte d'assurer, seule, le marché. Malgré tout le poids que représente un tel trafic, le défi a été quand même relevé. Ensuite, la disparition tout aussi brutale de Khalifa Airways a mis le pavillon national devant un autre défi du même type. Et encore une fois, cette défaillance a pu être surmontée. Des «cadeaux empoisonnés», dont se serait bien passée Air Algérie. D'ailleurs, «le retour d'Air France sur le sol algérien est une bonne chose en soi. Il permet au moins de stabiliser le marché», nous a confié le P-DG, M.Tayeb Benouis, que nous avons rencontré incidemment, hier, à l'aéroport d'Alger où, avons-nous appris, il a été vu régulièrement en inspection durant toute la saison estivale. En effet, il n'est pas facile de se redéployer au gré des défections et d'adapter à chaque fois ses moyens aux nouvelles exigences de sujétion du service public. Nous avons profité de cette rencontre pour aborder avec M.Bennouis divers aspects liés au trafic aérien. Le réseau intérieur n'est pas en reste des préoccupations d'Air Algérie. Il s'agit de trouver la meilleure combinaison possible pour concilier ses intérêts avec ceux des passagers. Il faut savoir que c'est un réseau globalement déficitaire et qu'un rattrapage sur les tarifs est en cours depuis le début du mois. D'autant que les charges sont de plus en plus lourdes depuis la hausse de 525 % du taux de réassurance, décidé au lendemain de l'attentat du 11 septembre 2001, et de l'obligation de blinder les portes de cabines de pilotage pour lesquelles Air Algérie a dû débourser 1 million de dollars pour équiper ses avions. Ceci dit, le P-DG de notre compagnie nationale nous apprendra que «la couverture du réseau intérieur a été revue, restructurée et optimisée» depuis la défection de Khalifa. Il n'en reste pas moins que si des efforts en direction des régions enclavées ont été consentis il est impossible de ne pas tenir compte des coûts d'exploitation. Nous avons également abordé le récent changement d'assureurs de la compagnie nationale. Déboursant annuellement entre 15 et 19 millions et demi de dollars pour assurer sa flotte, Air Algérie est en droit d'attendre de son ou de ses partenaires un véritable conseil dans son rôle d'interface avec les réassureurs londoniens. C'est là où l'ancien assureur en l'occurrence la CAAR, a failli. Et c'est dans la plus totale transparence (appel d'offres, ouverture des plis en présence d'huissier) que la SAA en partenariat avec un assureur privé ont décroché le marché. Enfin nous apprenons que sur le plan social, la révision de la convention collective de 1999 est en cours. Une commission paritaire (syndicats-direction générale) a été installée le 15 septembre dernier. C'était là un résumé de l'entretien à bâtons rompus auquel a bien voulu se prêter le P-DG de la compagnie nationale aérienne. Nous reviendrons en détail sur tous les sujets abordés avec lui avec, entre autres, la préparation de la campagne «hadj 2004» et le renouvellement de la flotte en cours.