Washington cherche toujours comment impliquer la communauté internationale en Irak. George W.Bush qui eut, en marge des assises de la 58e session de l'Assemblée générale de l'ONU, des entretiens avec ses homologues européens, notamment le chancelier allemand, Gerhard Schröder et le président russe, Vladimir Poutine, ne perdait pas l'espoir de rallier, au moins, ces deux pays - qui se sont opposés avec la France à l'action unilatérale des Etats-Unis en Irak - à la nécessité de s'impliquer plus directement dans la restauration de la sécurité et, plus largement, la reconstruction de l'Irak. Aussi, les appels du pied du président américain ou de ses proches, n'ont pas manqué comme ses déclarations positives envers ces deux importants membres du Conseil de sécurité. Ainsi, le président Bush, n'hésita pas hier, lors de son discours hebdomadaire à la nation, de compter l'Allemagne parmi les pays prêts à aider les Etats-Unis, indiquant: «De nombreux pays membres de l'ONU, des Philippines à la Pologne, en passant maintenant par l'Allemagne, ont fait part de leur engagement à aider à construire un Irak démocratique et stable». Reste à connaître la réaction de Berlin qui, certes, a quelque peu nuancé sa position mais n'a jamais officiellement indiqué si le gouvernement allemand est prêt à envoyer des troupes en Irak et à contribuer, financièrement, à la reconstruction du pays. Même schéma pour le Russe, Vladimir Poutine - lequel a rencontré vendredi son homologue américain, George W.Bush - qui s'est élevé dans son discours devant l'Assemblée générale de l'ONU contre «l'unilatéralisme». Toutefois, un responsable de l'administration américaine, affirmait vendredi, sous le couvert de l'anonymat, que «le président Bush pense que le président Poutine est prêt à collaborer dans la recherche de notre objectif commun de maximaliser les contributions du plus grand nombre possible de pays pour aider le peuple irakien à reconstruire son pays». Toutefois, ces affirmations qui émanent de la partie très intéressée à une telle participation de l'Allemagne et de la Russie, demandent à être corroborées par Berlin et Moscou. En fait, si la Russie et l'Allemagne donnent l'impression d'avoir atténué leurs exigences, les Etats-Unis en revanche, demeuraient sur leurs positions ne concédant un recul que sur le temps imparti à la mise au point de la Constitution irakienne, en lui fixant un délai de six mois. «Concession» estimée par les observateurs comme une ouverture de la part de Washington. En attendant, la situation en Irak ne cesse de se détériorer par la recrudescence de la violence et des attaques, comme celle d'hier contre un hôtel militaire américain à Bagdad. Ce qui amena le Pentagone à mobiliser dix mille hommes supplémentaires, avec en outre, cinq mille autres tenus en réserve, pour un prochain déploiement en Irak. C'est dire que la situation loin de s'améliorer ne fait que se dégrader chaque jour davantage mettant un peu plus Washington sur la défensive. Quant à l'ONU, elle a décidé, échaudée par les deux attaques dont fut l'objet son siège à Bagdad - dont celle du 19 août qui a coûté la vie à son représentant à Bagdad, Sergio Vieira de Mello - de réduire au maximum son personnel en Irak, les services étant désormais assurés par des Irakiens. De fait, la sécurité en Irak est plus que jamais un casse-tête autant pour les occupants américains et britanniques que pour l'ONU et la communauté internationale. Cela repose de manière aiguë le problème du transfert de la souveraineté au peuple irakien. Ce qui a fait dire au ministre des Affaires étrangères du Conseil de gouvernement transitoire irakien, Hoshyar Zebari, dans une déclaration à Asharq Al-Awsat que «la sécurité intérieure devrait relever de la responsabilité des Irakiens, car ils connaissent mieux leur pays. La mission des forces de la coalition pourrait se limiter à assurer la sécurité extérieur de l'Irak et à prévenir toute tentative d'ingérence dans ses affaires internes». Cependant, selon ce membre du gouvernement transitoire, «le rétablissement de la sécurité (en Irak) reste tributaire des progrès dans le processus politique, d'une amélioration de l'économie et des services». Ce qui est loin d'être actuellement le cas.